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5 millions d’euros en espèces ont été saisis en Ukraine

Les autorités ukrainiennes ont frappé fort ce vendredi 4 octobre 2024 en annonçant la saisie de près de 5 millions d’euros en espèces lors d’une perquisition à Khmelnytsky, une ville située à l’ouest de l’Ukraine. Cette somme considérable a été découverte chez une responsable de la commission médicale locale, soupçonnée d’avoir facilité l’évasion des réfractaires à la mobilisation militaire, en plein contexte de guerre contre la Russie. Ce scandale vient mettre en lumière les pratiques de corruption qui gangrènent certaines structures ukrainiennes.

L’enquête menée par le Bureau d’enquête national (DBR) a conduit à la découverte de près de six millions de dollars (environ cinq millions d’euros), en plus de nombreux bijoux et objets de valeur dans l’appartement et le bureau de Tetiana Kroupa, la cheffe de la commission médicale de Khmelnytsky. Cette commission avait pour mission d’évaluer l’aptitude des hommes à être mobilisés dans le cadre de la guerre en cours contre la Russie.

En outre, les autorités ont saisi des faux documents d’invalidité et des listes de noms de réfractaires, accompagnés de diagnostics médicaux fictifs destinés à éviter la mobilisation. Selon les enquêteurs, ces documents avaient pour but de dégager certains hommes de leur obligation de servir dans l’armée, moyennant de lourdes sommes d’argent.

Lors de la perquisition, la responsable n’a pas hésité à tenter de se débarrasser d’une partie de l’argent en jetant deux sacs contenant l’équivalent de 450 000 euros par la fenêtre. Malgré cette tentative désespérée, les enquêteurs ont rapidement récupéré les sacs et mis en lumière la somme astronomique dissimulée dans l’appartement.

Le DBR a précisé dans un communiqué que des billets de banque avaient été trouvés “dans presque tous les coins de l’appartement : dans les placards, les tiroirs, et même dans des niches”. Cette accumulation d’espèces témoigne de l’ampleur des activités criminelles auxquelles se livrait Tetiana Kroupa, qui utilisait sa position stratégique pour tirer profit de la détresse des citoyens ukrainiens.

Outre la responsable de la commission médicale, son fils, dirigeant de l’antenne régionale du fonds d’État des retraites, a également été arrêté et placé en détention provisoire. Ensemble, ils auraient amassé une fortune considérable, possédant plus de deux millions d’euros sur des comptes bancaires à l’étranger, ainsi que plusieurs propriétés immobilières en Ukraine, Autriche, Espagne et Turquie.

Les deux prévenus risquent jusqu’à 12 ans de prison, notamment pour fraude à grande échelle, enrichissement illicite, et légalisation de biens reçus par la voie criminelle. Le DBR a également annoncé que tous leurs biens seraient confisqués dans le cadre de la procédure judiciaire en cours.

Cette saisie spectaculaire à Khmelnytsky n’est pas un cas isolé. Le même jour, le Service de sécurité ukrainien (SBU) a annoncé avoir démantelé un réseau criminel à Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays. Ce groupe, composé de 13 personnes, avait aidé plus de 400 hommes à éviter la mobilisation en leur fournissant de faux documents d’invalidité, en échange de sommes variant entre 2 000 et 5 000 dollars par personne.

Le chef d’une commission médicale municipale et plusieurs de ses subordonnés faisaient partie de ce réseau. Le SBU a confirmé que les membres de ce groupe proposaient leurs services illégaux à des hommes cherchant à échapper à la guerre. Les fraudeurs risquent eux aussi de lourdes peines de prison, allant jusqu’à 12 ans, et la confiscation de leurs biens.

Le gouvernement ukrainien, sous la pression d’une population exaspérée par la corruption, a promis de renforcer la lutte contre ces réseaux criminels qui sapent l’effort de guerre. Les autorités multiplient les opérations de perquisitions et les arrestations dans les structures de recrutement et les commissions médicales, afin de démanteler ces systèmes de fraude qui permettent à certains de se soustraire à la mobilisation militaire.

Dans un communiqué, le procureur de la République de Khmelnytsky, a rappelé que “l’enrichissement personnel au détriment de la sécurité nationale ne sera pas toléré” et que les responsables de tels actes seraient poursuivis avec la plus grande fermeté. Ces arrestations envoient un message clair : la lutte contre la corruption est désormais une priorité nationale, notamment dans le cadre du recrutement militaire.

Ces affaires de corruption, bien que scandaleuses, reflètent une réalité douloureuse pour l’Ukraine. Alors que le pays est en guerre contre la Russie depuis plus de deux ans et demi, les ressources humaines et matérielles manquent cruellement. La corruption au sein des structures chargées de la mobilisation constitue un obstacle majeur pour l’armée ukrainienne, qui peine à combler les rangs de ses soldats.

Le DBR et le SBU continuent d’intensifier leurs efforts pour traquer les réseaux de corruption et protéger la mobilisation, mais ces efforts doivent s’accompagner d’une réelle réforme des structures militaires et administratives pour garantir la transparence et l’efficacité du système.