Matthieu Jasseron, figure de proue des réseaux sociaux et prêtre très suivi sur TikTok, a récemment créé la surprise en annonçant qu’il renonce à son sacerdoce. Cette décision, qu’il a partagée dans une vidéo sur YouTube le 20 octobre, marque un tournant pour ce prêtre médiatique et suscite de nombreuses réactions au sein de la communauté catholique et au-delà.
Un parcours hors normes au sein de l’Église
Ordonné en 2019, Matthieu Jasseron a rapidement conquis un large public en adoptant une approche moderne de l’évangélisation. Avec plus d’un million d’abonnés sur TikTok, il utilise un ton accessible et sincère pour aborder des sujets parfois sensibles. Ses vidéos abordaient des thèmes variés, allant des questions de foi aux débats contemporains comme l’homosexualité et la place des femmes dans l’Église. Cette popularité lui a valu le surnom de “curé TikTok”, mais également des critiques de certains courants plus conservateurs du catholicisme.
Dans sa vidéo intitulée “Coming out spirituel”, Matthieu Jasseron annonce vouloir se “retirer de la prêtrise”. À travers ses mots, il se dit “plus en phase avec l’institution ecclésiale” et souhaite désormais continuer son cheminement spirituel en dehors des structures de l’Église catholique. Il ne renie pas sa foi ni son attachement à la spiritualité chrétienne, mais préfère s’éloigner d’une institution qu’il juge étouffante et parfois abusive dans ses pratiques internes.
Les pressions et tensions au sein de l’Église
Dans sa vidéo, Matthieu Jasseron décrit une série de tensions vécues au sein de l’institution. Il évoque des “agressions physiques” de la part de certains membres de la hiérarchie et des tentatives d’intimidation, allant jusqu’à mentionner des pressions des renseignements territoriaux. Le prêtre n’hésite pas à décrire les dysfonctionnements internes, expliquant qu’il a été victime de diffamations et que des secrets de confession ont été révélés dans la presse. Cette situation, selon lui, résulte d’une organisation institutionnelle qui manque de transparence et de justice.
Matthieu Jasseron critique ouvertement la structure hiérarchique de l’Église, qu’il compare à un “parti” où les décisions et les pouvoirs sont concentrés entre les mains de quelques personnes. Selon lui, cette concentration du pouvoir favorise des abus et empêche une réelle autonomie spirituelle des prêtres et des laïcs. Dans cette vidéo, il souligne qu’un prêtre peut jouer le rôle de manager, de confesseur, et de conseiller spirituel, sans aucune séparation entre ces fonctions, ce qui crée, selon lui, un terrain fertile pour les dérives et les abus.
Des prises de position controversées
Depuis son entrée dans le sacerdoce, Matthieu Jasseron s’est fait remarquer par son discours progressiste. En 2021, il a notamment publié une vidéo affirmant que l’homosexualité n’était pas considérée comme un péché dans les Évangiles, ce qui a suscité des réactions mitigées. Bien que certains aient salué cette prise de position comme un geste d’inclusion, d’autres, notamment au sein de la Conférence des évêques de France, ont exprimé leur désapprobation. Cette différence d’approche a accentué la distance entre lui et l’institution catholique.
En décidant de “rendre sa soutane”, Matthieu Jasseron souhaite évoluer dans un environnement où il pourra exprimer librement ses opinions et accompagner les personnes en quête de spiritualité, sans subir la pression de l’institution. Il envisage d’ouvrir un cabinet pour offrir un accompagnement spirituel plus personnalisé, répondant aux besoins d’individus en quête de sens et d’une foi libérée des dogmes traditionnels.
Un écho médiatique important
Cette annonce a fait l’effet d’une onde de choc dans les médias. Avec une présence forte sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, Matthieu Jasseron a su toucher un public large, majoritairement composé de jeunes, un segment que l’Église peine parfois à capter. Cette popularité lui a permis de faire entendre sa voix bien au-delà de son diocèse et a sensibilisé une nouvelle génération aux questionnements sur la foi chrétienne et l’institution catholique.
Le 23 octobre, Matthieu Jasseron publie un ouvrage intitulé Le pouvoir du kintsugi – Sublimez ce qui est brisé, inspiré de sa propre expérience et de son cheminement spirituel. Ce livre semble être une continuation de son message, incitant chacun à “réparer ce qui est brisé” en soi. Bien que Jasseron n’ait plus de responsabilités pastorales, il reste actif dans le domaine de la spiritualité et pourrait continuer à inspirer par ses écrits et interventions publiques.
Le départ de Matthieu Jasseron reflète, selon certains analystes, une crise plus large au sein de l’Église catholique. Les récentes affaires de violence et d’abus, combinées à des tensions internes sur des sujets sociaux comme l’homosexualité, les femmes et les jeunes générations, ont mis en lumière les failles de l’institution. Pour Jasseron, le problème vient aussi de l’incapacité de l’Église à évoluer et à s’adapter aux réalités contemporaines, limitant sa capacité à répondre aux attentes d’un public plus ouvert et diversifié.