Les résultats des élections européennes ont suscité une vive inquiétude parmi les associations de jeunes en France. Les mouvements étudiants, tels que l’Unef, l’Union étudiante, la Fage, ainsi que l’Union syndicale lycéenne, expriment leur profonde préoccupation face à l’ascension de l’extrême-droite.
“Nous sommes extrêmement choqués et inquiets pour l’avenir. Que va-t-il se passer en Europe ? Le camp social progressiste pourra-t-il porter ses idées pour les jeunes et pour l’écologie ?”, s’interroge Hania Hamidi, présidente de l’Unef. Cette inquiétude est partagée par Mäelle Nizan, présidente de la Fage, qui souligne : “Nous avons peur pour l’avenir, pour nos combats, et pour les valeurs que nous défendons, notamment la diversité, l’écologie et les libertés associatives et syndicales”.
En effet, le Rassemblement national (RN) a remporté 31,5% des votes lors des élections européennes du 9 juin 2024, plaçant le parti en tête avec 30 sièges au Parlement européen. La liste Renaissance de la majorité présidentielle suit avec 14,6%, tandis que la liste de gauche du Parti socialiste et de Place publique a obtenu 13,8%. D’autres partis, comme la France insoumise et les Républicains, ont respectivement recueilli 9,9% et 7,2%, tandis que les Ecologistes et Reconquête ! ont chacun obtenu 5,5%.
“C’est gravissime ce qu’il se passe aujourd’hui. Près de 40% des suffrages exprimés sont pour l’extrême-droite, un record pour une élection européenne”, commente Gwenn Thomas-Alves, président de l’Union syndicale lycéenne (USL).
Les syndicats étudiants s’alarment des conséquences de cette montée de l’extrême-droite, non seulement pour les droits des jeunes, mais pour l’ensemble des citoyens. “L’extrême-droite est l’ennemi des travailleurs et remet en cause nos acquis sociaux. Elle mène des politiques racistes, notamment avec la loi sur l’immigration qui vise à exclure les étudiants étrangers, mais aussi sexistes et transphobes”, déclare Eleonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante.
Maëlle Nizan, de la Fage, partage l’expérience de ses homologues italiens vivant sous le gouvernement de Georgia Meloni, une figure de l’extrême-droite en Italie, qui rencontrent de grandes difficultés à maintenir les droits des jeunes. “Ils nous disent qu’une fois le parti au pouvoir, il devient très compliqué de conserver les droits acquis”.
Bien que l’extrême-droite ne soit pas majoritaire au Parlement européen, où le groupe majoritaire reste le Parti populaire européen (PPE), ces résultats représentent un signal inquiétant pour la France. “Si l’extrême-droite arrive au pouvoir en France, c’est un risque dramatique pour la jeunesse. Le programme du Rassemblement national est anti-jeunes et anti-pauvres”, insiste Gwenn Thomas-Alves.
L’inquiétude est renforcée par la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée par Emmanuel Macron suite aux résultats des élections européennes. Les élections législatives anticipées se tiendront les 30 juin et 7 juillet 2024, un pari risqué après la désapprobation de son parti lors des élections européennes.
“Il joue au pompier pyromane, en préparant la prise du pouvoir du RN en juillet”, s’indigne Eleonore Schmitt. Maëlle Nizan appelle à la responsabilité des citoyens : “Il faut se rendre compte de la responsabilité que nous avons, si nous ne voulons pas un gouvernement d’extrême droite dans un mois”.
En réponse, l’Unef a publié un communiqué appelant à “la constitution d’un Front populaire le plus unitaire possible afin que ces élections législatives soient historiques par l’unité de la gauche et non par le basculement du pays dans le fascisme”.
Les organisations de jeunes ont décidé de mettre leurs différends de côté et de s’unir pour faire face à cette situation. Dès dimanche soir, elles se sont réunies au siège de l’Unef pour coordonner leurs actions. “Il est temps d’entrer dans la bataille. Les organisations de jeunesse prennent leurs responsabilités et s’impliquent dans la campagne pour faire en sorte que les jeunes aillent voter. Nous voulons lutter contre l’abstention et la mal-inscription des jeunes”, annonce Eleonore Schmitt.
Les syndicats étudiants, forts de leur histoire de lutte pour les droits sociaux et les libertés, voient cette mobilisation comme une nécessité absolue pour contrer les dangers de l’extrême-droite. Leur engagement s’étend également à sensibiliser les jeunes aux enjeux environnementaux, sociaux et démocratiques, rappelant que l’avenir de l’Europe dépend de leur participation active et de leur résistance aux idéologies qui menacent la diversité et les libertés fondamentales.