Présentée pour la première fois en 1665, cette comédie à la tonalité tragique s’inscrit dans un contexte de censure religieuse et politique. Elle propose une critique de l’hypocrisie sociale et des conventions de l’époque.
Les personnages principaux
Dom Juan
Dom Juan est un noble libertin qui multiplie les conquêtes amoureuses sans scrupule. Il incarne le séducteur sans foi ni loi, ne respectant ni les engagements ni la religion. Son caractère cynique et son rejet de toute autorité le conduisent à sa perte.
Sganarelle
Sganarelle est le valet de Dom Juan. Il oscille entre admiration et crainte de son maître. Il représente la voix du bon sens et tente de le ramener à la raison, en vain.
Done Elvire
Done Elvire est une noble que Dom Juan a enlevée d’un couvent pour l’épouser avant de l’abandonner. Elle incarne la femme trompée qui, blessée, cherche à obtenir justice.
Dom Louis
Dom Louis est le père de Dom Juan. Il réprouve la conduite scandaleuse de son fils et lui rappelle les valeurs de l’honneur et de la morale.
La Statue du Commandeur
La Statue du Commandeur, ancien rival tué par Dom Juan, revient d’entre les morts pour l’entraîner en enfer. Elle symbolise la justice divine et le châtiment inéluctable.
Le résumé de l’œuvre
Acte 1 : la fuite et la confrontation avec Elvire
Dom Juan fuit Naples après avoir abandonné Done Elvire. Il se lance dans une nouvelle conquête amoureuse. Elvire le retrouve et lui demande des explications. Il prétend avoir agi par « pure conscience » pour ne pas pécher davantage.
Acte 2 : la séduction des paysannes
Dom Juan et Sganarelle font naufrage et sont secourus par Pierrot. Dom Juan séduit Charlotte et Mathurine en leur promettant le mariage. Il les manipule habilement, provoquant une dispute entre elles.
Acte 3 : la rencontre avec le Commandeur
Dom Juan et Sganarelle croisent un mendiant à qui Dom Juan propose de renier Dieu en échange d’une pièce. Plus tard, il sauve Dom Carlos, le frère d’Elvire. Face à la statue du Commandeur, il la convie à dîner, un geste de provocation ultime.
Acte 4 : le jeu de l’hypocrisie
Dom Juan annonce à son père qu’il se repent, mais il confie à Sganarelle qu’il s’agit d’une comédie. Il rejette les avertissements de Done Elvire et continue ses tromperies.
Acte 5 : le châtiment
Une apparition spectrale met en garde Dom Juan. Il persiste dans son mépris jusqu’à ce que la statue du Commandeur vienne l’entraîner en enfer. Sganarelle reste seul, déplorant la perte de ses gages.
Analyse de l’œuvre
Un héros libertin
Dom Juan incarne le libertinage du XVIIe siècle, à la fois sur le plan moral (multiplication des conquêtes amoureuses) et religieux (mépris des dogmes et de la morale catholique).
Une critique sociale
La pièce dénonce l’hypocrisie des puissants et des dévots. Dom Juan feint le repentir pour s’attirer la bienveillance de la société. Cette critique valut à Molière la censure de la pièce.
L’opposition comique et tragique
L’œuvre alterne entre comédie et tragédie. Le comique repose sur les maladresses de Sganarelle et les situations absurdes provoquées par Dom Juan. Mais l’issue fatale du héros renforce le caractère tragique.
Le thème du châtiment divin
Dom Juan refuse de croire en Dieu et en la morale, mais son destin est scellé. La statue du Commandeur est le symbole de la justice divine qui finit par s’imposer.
Conclusion
Dom Juan est une pièce à la fois fascinante et provocante, qui dresse le portrait d’un héros amoral, dominé par son désir et son arrogance. Entre critique sociale, comédie et morale religieuse, elle demeure une œuvre incontournable du théâtre français.