Le Discours de la servitude volontaire de La Boétie

Étienne de La Boétie est né en 1530 à Sarlat, dans une famille de magistrats. Juriste de formation, il se distingue par son esprit critique et son intérêt pour la philosophie politique. Son amitié avec Michel de Montaigne marque durablement son héritage intellectuel.

Sommaire

Son œuvre la plus célèbre, Le Discours de la servitude volontaire, est rédigé en 1549 alors qu’il n’a que 18 ans. Ce texte visionnaire dénonce la tyrannie et tente d’expliquer pourquoi les peuples acceptent leur propre soumission.

La Boétie écrit son essai sous le règne d’Henri II, à une époque où la monarchie française renforce son pouvoir centralisé. Les guerres de Religion opposant catholiques et protestants débutent et la question du pouvoir royal divise les esprits. Dans ce contexte, Le Discours de la servitude volontaire résonne comme un texte subversif et audacieux.

Analyse du Discours de la servitude volontaire

Une interrogation sur la soumission des peuples

La Boétie pose une question essentielle : pourquoi les peuples acceptent-ils de se soumettre à un tyran alors qu’ils pourraient facilement se libérer ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il affirme que la servitude n’est pas imposée par la force, mais qu’elle est volontaire. Il constate que les peuples se soumettent non pas par contrainte, mais par habitude et conformisme.

Un réquisitoire contre la tyrannie

L’auteur décrit la tyrannie comme un système d’oppression dans lequel un seul homme détient un pouvoir illimité, mais qui ne peut exister sans la passivité des gouvernés. Pour illustrer son propos, il utilise plusieurs stratégies argumentatives :

  • L’exemple historique : il rappelle les batailles des Grecs contre les Perses pour montrer que la liberté est un idéal noble.
  • La référence à la nature : selon lui, les hommes naissent libres et l’instinct naturel ne pousse pas à la soumission.
  • L’usage des questions rhétoriques : il interpelle directement le lecteur, l’incitant à réfléchir à sa propre condition.

Un plaidoyer pour la liberté

La Boétie défend l’idée que le peuple détient le pouvoir de renverser la tyrannie simplement en cessant d’obéir. Selon lui, les despotes ne tiennent leur autorité que de la complaisance des sujets. Il propose donc une forme de résistance passive, proche de la désobéissance civile qui inspirera plus tard des penseurs comme Gandhi ou Thoreau.

Les raisons de la servitude volontaire

L’habitude et l’éducation

L’une des causes principales de la soumission est l’habitude. La Boétie explique que les peuples qui vivent sous une domination prolongée ne réalisent même plus qu’ils sont esclaves.

Citation clé : « Il est vrai qu’au commencement, on sert contraint et vaincu par la force ; mais ceux qui viennent après servent sans regret et font volontiers ce que leurs devanciers avaient fait par contrainte. »

Les enfants grandissent en voyant la tyrannie comme un état normal et la reproduisent sans la remettre en question.

La corruption des institutions

Les tyrans utilisent des stratégies pour maintenir leur emprise sur le peuple :

  • La diversion : ils organisent des spectacles, des jeux et des fêtes pour distraire les citoyens et les empêcher de penser à leur oppression.
  • La peur : ils utilisent la violence et la répression contre ceux qui contestent leur autorité.
  • Les privilèges accordés à certains : en achetant la loyauté d’une partie de la population, ils divisent le peuple et évitent toute révolte collective.

L’illusion du bienfait du tyran

Le tyran fait croire qu’il est indispensable à la société, alors qu’en réalité, il ne produit rien et se contente de parasiter le peuple. Il se présente comme un protecteur, mais il est en fait la source des malheurs de ses sujets.

Une œuvre précurseur des théories politiques modernes

Une critique anticipée de l’absolutisme

La Boétie écrit son discours bien avant l’instauration de la monarchie absolue en France, mais son analyse résonne comme une mise en garde contre la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul.

Sa critique sera reprise au XVIIe et XVIIIe siècles par des philosophes comme Montesquieu et Rousseau, qui développeront l’idée du contrat social.

Une inspiration pour la désobéissance civile

En prônant la non-coopération avec le pouvoir oppressif, La Boétie ouvre la voie aux théories modernes de la résistance pacifique. Son texte inspirera des figures comme Gandhi, Martin Luther King ou encore Thoreau.

Citation clé : « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. »

Pourquoi lire le Discours de la servitude volontaire aujourd’hui ?

Malgré son ancienneté, ce texte demeure d’actualité. Il permet de réfléchir à des thématiques universelles :

  • La manipulation politique et médiatique.
  • L’acceptation passive des injustices.
  • Les moyens de résistance pacifique face aux oppressions.

Sa lecture incite à une réflexion critique sur nos propres libertés et sur la légitimité de ceux qui exercent le pouvoir

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