Les Françaises ont leur premier enfant à 29,1 ans

En 2023, l’âge moyen des Françaises à la naissance de leur premier enfant atteint 29,1 ans. Ce chiffre confirme une évolution démographique constante depuis plusieurs décennies. À la croisée des choix de vie, du contexte économique et des parcours personnels, ce report soulève des questions sur la place de la maternité dans la société actuelle.
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Un changement de cap entamé dans les années 1970

Jusqu’aux années 1970, les femmes devenaient mères relativement jeunes. Mais depuis, l’âge de la première maternité n’a cessé de reculer. Il y a cinquante ans, une femme donnait naissance à son premier enfant à environ 24 ans. Aujourd’hui, cet âge a progressé de plus de cinq ans.

Ce basculement s’explique d’abord par la diffusion massive de la contraception, l’accès généralisé à l’éducation supérieure et la montée en puissance des carrières féminines. Ces transformations ont donné aux femmes plus de contrôle sur leur vie reproductive.

L’âge de 29,1 ans ne reflète pas une norme unique. En réalité, les premières maternités sont plus dispersées que par le passé. En 1967, la majorité des naissances de rang 1 se concentraient entre 20 et 24 ans. En 2023, la moitié des premières naissances ont lieu entre 25 et 32 ans. Cela signifie que certaines femmes deviennent mères à 22 ans, d’autres à 38 ans. Cette pluralité est un signe d’individualisation des trajectoires.

Pourquoi les femmes attendent-elles plus longtemps ?

Ce report ne se limite pas à des raisons biologiques ou éducatives. Le contexte social et économique joue un rôle décisif. Beaucoup de jeunes adultes repoussent l’idée d’un enfant à plus tard en raison d’un logement précaire, d’un emploi instable ou de projets professionnels non réalisés.

« Ce n’est pas que je ne veux pas d’enfant. C’est juste que je veux pouvoir lui offrir une stabilité que je n’ai pas encore », témoigne Camille, 28 ans, en couple depuis trois ans.

Les parcours sentimentaux aussi évoluent. La mise en couple ne rime plus automatiquement avec projet parental. Pour beaucoup, avoir un enfant n’est plus une suite logique, mais une décision prise après une longue réflexion.

Un autre facteur clé est la prolongation des études. Même si l’âge de fin d’études s’est stabilisé dans les années 2000, il reste élevé. Les jeunes sortent de la vie étudiante autour de 23 ou 24 ans, parfois plus. À cela s’ajoute la volonté de vivre quelques années « pour soi » avant d’entrer dans la parentalité.

Une tendance partagée à l’échelle européenne

La France n’est pas une exception. En 2023, l’âge moyen du premier enfant dans l’Union européenne s’élève à 29,8 ans. L’écart est cependant important d’un pays à l’autre. En Bulgarie, les femmes accouchent en moyenne à 26,9 ans, tandis qu’en Italie, elles attendent jusqu’à 31,8 ans.

Le cas de l’Italie illustre une société où l’entrée dans l’âge adulte est plus tardive et les projets familiaux souvent repoussés après 30 ans. À l’inverse, certains pays d’Europe de l’Est maintiennent des schémas plus traditionnels, avec des maternités plus précoces.

Des grossesses suivantes elles aussi plus tardives

Ce n’est pas seulement le premier bébé qui arrive plus tard. Les femmes donnent aussi naissance à leurs deuxième et troisième enfants à un âge plus avancé. En 2023, l’âge moyen pour un deuxième enfant est de 31,6 ans, et 33,1 ans pour un troisième.

Malgré cela, le délai entre les naissances reste stable. En moyenne, 4,2 années séparent le premier et le deuxième enfant, et 4,8 ans entre le deuxième et le troisième. Cela montre que les projets familiaux, une fois engagés, avancent à un rythme relativement régulier.

De plus en plus, avoir un enfant est perçu comme un choix volontaire plutôt qu’une étape automatique. Dans une société marquée par les incertitudes climatiques, économiques ou politiques, nombreux sont ceux qui veulent attendre d’avoir « coché toutes les cases » avant de se lancer.

« Le monde est instable, et ça me freine », confie Julie, 30 ans. « Je veux être sûre de pouvoir élever mon enfant dans un environnement serein. »

Ce recul de l’âge à la maternité est aussi lié à un désir d’accomplissement personnel, professionnel et affectif avant de devenir parent. La parentalité n’est plus une obligation, mais un projet parmi d’autres.

Une natalité qui diminue en parallèle

Alors que les âges augmentent, le nombre de naissances, lui, baisse. En 2023, la France a enregistré 678 000 naissances, un des niveaux les plus faibles depuis un demi-siècle. La combinaison de naissances plus tardives et d’un moindre désir d’enfant influence directement la démographie française.

Selon l’Ined, les jeunes générations visent en moyenne moins de deux enfants. Les familles avec trois enfants ou plus deviennent rares. Seuls 29 % des Français estiment qu’avoir trois enfants est souhaitable, contre 50 % en 1998.

La maternité tardive n’est donc pas qu’un fait statistique : elle s’inscrit dans un mouvement plus large de transformation des valeurs autour de la famille, du temps pour soi et du rôle des femmes dans la société.

Vers un nouveau modèle familial ?

Ce glissement de l’âge à la maternité dessine les contours d’un nouveau modèle : des enfants plus tardifs, moins nombreux, mais souvent plus attendus. Dans ce contexte, les politiques publiques devront sans doute s’adapter : soutien à la parentalité tardive, congés parentaux plus souples, aides ciblées aux familles souhaitant concilier projet d’enfant et stabilité de vie.

Reste une certitude : à 29,1 ans, les Françaises choisissent de plus en plus le moment où elles veulent devenir mères. Et ce choix reflète profondément les mutations d’une société en quête d’équilibre entre ambitions, liberté et transmission.

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