De la trousse au smartphone : l’évolution des vieilles combines
Avant, il suffisait d’un petit papier roulé dans un stylo quatre couleurs ou d’un regard discret sur la copie du voisin pour s’en sortir. Ces méthodes classiques existent toujours, mais elles font désormais figure d’archéologie scolaire. Les élèves de 2025 ont adopté des stratégies bien plus modernes — et souvent numériques.
Le smartphone reste le roi de la triche. Discrètement caché sous la table, dans une manche ou sous une jupe, il permet de photographier ses fiches de révision ou d’aller chercher une réponse sur Internet. Certains élèves redoublent de malice : un portable « officiel » est déposé dans la boîte à téléphone du prof, pendant que le vrai reste bien planqué dans une poche.
« On a tous un vieux téléphone qu’on donne à la prof quand elle demande de les ranger », confie Leslie, lycéenne à Morlaix. « Le vrai, on le garde pour les contrôles importants. »
ChatGPT, le nouvel allié des tricheurs
Depuis son arrivée dans le quotidien des élèves, ChatGPT a bouleversé les règles du jeu. L’IA est capable de rédiger une dissertation, résoudre un exercice de maths ou générer un résumé de cours en quelques secondes. Pour certains, c’est un outil de révision. Pour d’autres, une machine à tricher.
Antoine, lycéen à Angers, l’utilise régulièrement : « Tu prends une photo du sujet, tu balances ça à ChatGPT et t’as la réponse instantanément. Franchement, c’est tentant. »
Mais cette méthode n’est pas infaillible. Les enseignants repèrent vite les copies trop “parfaites”.
« Les élèves recopient des mots qu’ils ne comprennent pas. ChatGPT écrit trop bien pour eux », explique Margot, conseillère principale d’éducation en Picardie. « En maths, c’est encore pire : les notations sont fausses une fois sur deux. »
Écouteurs, montres connectées et IA embarquée : la triche high-tech
Les plus ingénieux vont encore plus loin. Certains enregistrent leurs fiches de révision en audio sur leur téléphone et les écoutent discrètement pendant l’évaluation grâce à des écouteurs sans fil cachés sous leurs cheveux. D’autres utilisent leurs montres connectées pour stocker des formules ou consulter discrètement Internet.
Les calculatrices graphiques sont aussi détournées. Des vidéos circulent sur TikTok expliquant comment installer ChatGPT sur une calculatrice, une technique redoutable pour les matières scientifiques.
Top 5 des techniques les plus populaires en 2025
Méthode | Principe | Niveau de risque |
---|---|---|
ChatGPT sur smartphone | Photo du sujet, réponse générée en ligne | Élevé (détection possible par le style) |
Écouteur dissimulé | Lecture audio des fiches de révision | Moyen (facile à cacher, mais risqué si repéré) |
Double téléphone | Un portable rendu, un autre caché pour tricher | Faible à moyen |
Montre connectée | Stockage de données ou mini navigateur | Élevé (interdit dans la plupart des établissements) |
ChatGPT sur calculatrice | IA intégrée via un script secret | Très élevé (difficile à prouver, mais détectable) |
Quand la triche devient un “jeu d’adaptation”
Pour beaucoup d’élèves, la triche n’est pas perçue comme une trahison morale, mais comme une stratégie de survie face à un système jugé trop exigeant. Le contrôle continu, désormais crucial pour le baccalauréat, renforce la pression. Certains estiment qu’une mauvaise note peut être compensée, alors qu’une fraude reste rarement sanctionnée.
Lisa, lycéenne dans le Haut-Rhin, avoue sans détour :
J’ai arrêté d’apprendre des formules que je n’utiliserai plus jamais. Je préfère réserver mon énergie pour les matières importantes du bac.
Ce pragmatisme inquiète les enseignants. Ils y voient une perte de sens dans l’apprentissage, où la note prime sur la compréhension. Mais ils reconnaissent aussi que les outils numériques ont changé la donne.
« Si un exercice peut être résolu par une IA, c’est qu’il manque d’intérêt », concède Philippe, professeur de SVT. « Il faut revoir la manière d’évaluer. »
Des sanctions lourdes mais peu dissuasives
Tricher reste un acte grave. La fraude à une évaluation du contrôle continu est passible des mêmes sanctions qu’une triche au bac : blâme, annulation de la note, voire interdiction de passer un examen pendant cinq ans. Pourtant, peu d’élèves mesurent ces risques.
« Ils pensent que c’est juste un zéro », regrette Margot, CPE. « Mais une triche signalée peut ruiner un dossier Parcoursup. »