Paris reste la ville étudiante la plus chère de France
Selon le classement 2025 de l’Unef, Paris domine encore une fois les grandes villes universitaires françaises. Avec 1 626,76 € de dépenses mensuelles, la capitale se place devant Nanterre (1 520,33 €) et Créteil (1 502,33 €). L’écart avec la ville la moins chère, Limoges (1 073,06 €), atteint plus de 550 € par mois, soit 6 600 € sur une année universitaire complète.
« Plus aucune ville n’est en dessous de 1 000 € par mois pour un étudiant », rappelle l’Unef, qui alerte sur une précarité grandissante.
Le logement, premier poste de dépense
Sans surprise, le logement reste la principale difficulté pour les étudiants parisiens. Le loyer moyen atteint 915 € par mois, en hausse de 0,88 % par rapport à 2024. Cela représente plus de la moitié du budget total d’un étudiant à Paris.
La comparaison avec d’autres villes est frappante : à Limoges, un étudiant dépense en moyenne 385 € pour son logement, soit une différence de 530 € par mois avec Paris.
Les transports pèsent aussi lourd
Deuxième poste incontournable : les transports. Le prix du Pass Imagin’R est désormais de 392,30 € par an, en hausse de 2,59 %. Rapporté au mois, cela reste un coût élevé que les étudiants franciliens ne peuvent éviter pour se rendre sur leur campus.
À titre de comparaison, certaines villes comme Montpellier ont rendu les transports gratuits pour les jeunes, ce qui allège significativement le budget étudiant.
Une inflation généralisée
Outre le logement et les transports, les étudiants parisiens subissent des hausses sur l’alimentation, l’énergie et les fournitures. Le rapport de l’Unef souligne que cette augmentation globale rend la vie étudiante de plus en plus compliquée, avec des arbitrages parfois douloureux : alimentation de moindre qualité, retards de soins ou abandon d’études.
Évolution du coût de la vie étudiante en France
L’Unef estime que le coût de la vie étudiante a augmenté de 32 % depuis 2017. En 2025, la hausse nationale est de 4,12 %, un rythme deux fois plus rapide que l’an dernier. Paris suit cette tendance avec +4,13 %, mais son niveau déjà très élevé accentue la difficulté pour ses étudiants.
Classement des villes les plus chères
La région parisienne domine largement le classement, mais certaines villes de province comme Nice ou Lyon se rapprochent des niveaux franciliens.
Ville | Coût mensuel étudiant (2025) | Évolution sur un an |
---|---|---|
Paris | 1 626,76 € | +4,13 % |
Nanterre | 1 520,33 € | +13,68 % |
Créteil | 1 502,33 € | +4,10 % |
Saint-Denis | 1 447,33 € | +6,94 % |
Nice | 1 410,00 € | +1,66 % |
Limoges | 1 073,06 € | +4,05 % |
Pourquoi Paris est si chère ?
Plusieurs facteurs expliquent cette cherté :
- Une pression immobilière forte avec une offre limitée pour les étudiants.
- Un marché du travail concentré qui attire beaucoup de jeunes actifs, ce qui accentue la concurrence pour les logements.
- Des coûts de transport élevés comparés à la province.
- Un niveau général des prix (restaurants, loisirs, alimentation) supérieur à la moyenne nationale.
Les conséquences pour les étudiants
Cette hausse a des effets directs sur la vie quotidienne. Selon les syndicats étudiants, une majorité des jeunes à Paris doivent travailler à côté de leurs études pour couvrir leurs dépenses. Cela entraîne parfois une baisse du temps disponible pour réviser et augmente le risque d’échec universitaire.
De plus en plus d’étudiants déclarent être contraints de faire des choix difficiles : sacrifier les loisirs, réduire les sorties, ou encore se priver de soins de santé. Certains envisagent même de quitter la capitale pour poursuivre leurs études ailleurs.
Des témoignages de jeunes concernés
« Je paie 930 € pour un studio de 18 m² à Paris. Avec les courses, l’électricité et le pass Navigo, il me reste moins de 150 € pour vivre », raconte Léa, étudiante en master.
« J’ai choisi de m’installer à Nanterre plutôt qu’à Paris. C’est à peine moins cher, mais ça reste un budget énorme. Je travaille 20 heures par semaine en plus de mes cours », explique Amine, étudiant en licence de droit.
Des solutions envisagées
Face à cette situation, plusieurs pistes sont proposées :
Construction de logements étudiants
L’Unef réclame la création de 150 000 logements Crous supplémentaires afin de réduire la pression immobilière. Aujourd’hui, seuls 7 % des étudiants ont accès à un logement social universitaire.
Encadrement des loyers
La mise en place d’un plafond national des loyers pour les logements étudiants est également demandée. Si Paris applique déjà un encadrement, son efficacité reste limitée face à la demande élevée.
Réduction du coût des transports
Le syndicat propose la gratuité des transports en commun pour tous les étudiants. Certaines villes, comme Montpellier, ont déjà franchi le pas avec succès.
Revalorisation des aides étudiantes
Enfin, l’Unef appelle à une revalorisation des bourses et à une réforme de leur attribution, afin que davantage d’étudiants puissent en bénéficier. La dernière réforme remonte à 2023, mais le syndicat estime qu’elle reste insuffisante face à l’inflation.
Paris ou la province : un choix stratégique pour les étudiants
Le coût de la vie influence directement les choix d’orientation. Certains étudiants préfèrent s’éloigner de la capitale pour bénéficier d’un budget plus léger, quitte à avoir moins d’opportunités professionnelles immédiates. D’autres, au contraire, choisissent Paris malgré tout, en misant sur l’offre de stages et d’emplois.
Un calcul difficile, où la qualité de vie, le réseau professionnel et les perspectives d’avenir s’entremêlent.
Vers une réforme attendue ?
Le gouvernement est régulièrement interpellé sur cette question. Entre aides sociales, encadrement des loyers et investissements publics, la pression monte pour éviter une génération d’étudiants surendettés et précarisés. En attendant, le coût de la vie étudiante à Paris continue de grimper, plaçant la capitale hors de portée pour une partie des jeunes.