La dotation horaire globale (DHG) : un indicateur clé
La dotation horaire globale (DHG) est un indicateur crucial dans le système éducatif français. Il s’agit du nombre d’heures de cours financées par l’État qu’un établissement peut proposer chaque semaine. Cette enveloppe est essentielle pour la répartition des heures entre les différentes matières et niveaux. Par exemple, un lycée avec une DHG de 1 000 heures hebdomadaires doit organiser ces heures entre toutes les classes et disciplines proposées.
Un autre indicateur important est le nombre d’heures par élève (H/E), calculé en divisant le total des heures de cours disponibles par le nombre d’élèves. Plus cet indicateur est élevé, meilleures sont les conditions d’enseignement.
Disparités entre public et privé : une réalité chiffrée
Les données de Franceinfo révèlent que les lycées privés bénéficient généralement d’un H/E plus élevé que les lycées publics. Par exemple, le lycée privé Stanislas à Paris a un H/E de 1,16, tandis que le lycée public Victor Duruy affiche un H/E de 1,04. Cette différence, bien que paraissant minime, représente une réduction significative des heures d’enseignement pour le lycée public, équivalente à environ une centaine d’heures de cours hebdomadaires en moins.
Au niveau national, le H/E moyen des lycées généraux et technologiques dans le secteur privé est plus élevé que dans le public. À la rentrée 2023, cet écart était constaté dans 19 des 24 académies françaises. Par exemple, dans l’académie d’Amiens, le H/E moyen pour les lycées privés est de 1,46, contre 1,24 dans le public. Cette tendance se retrouve également dans les académies de Besançon, Normandie et Nancy-Metz.
Qu’est ce qui explique ces inégalités ?
Les raisons derrière ces disparités sont multiples et complexes. Elles comprennent :
- Répartition des dotations : Les dotations sont attribuées différemment entre le public et le privé. Le ministère de l’Éducation nationale distribue les fonds pour le public via la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), tandis que le privé reçoit une enveloppe globale unique de la Direction des affaires financières (DAF). Cette différence de gestion permet au privé de concentrer plus de moyens sur le secondaire, ce qui peut conduire à une meilleure dotation horaire pour les lycées privés.
- Critères de répartition : Les critères utilisés pour la répartition des dotations ne sont pas uniformes entre le public et le privé. Les réseaux d’enseignement privés, notamment le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC), ont un rôle important dans la répartition des fonds, influençant la manière dont les ressources sont allouées aux établissements. Ce processus est souvent perçu comme opaque et peut favoriser les établissements privés au détriment des publics.
- Taille des établissements : Les lycées privés sont souvent de plus petite taille que leurs homologues publics. Cette petite taille nécessite des investissements plus importants pour offrir une gamme adéquate de spécialités, ce qui peut expliquer les H/E plus élevés observés. Les établissements privés doivent rester attractifs en offrant une diversité de spécialités malgré un nombre limité d’élèves.
- Critères sociaux : L’intégration des caractéristiques sociales dans la répartition des moyens a été envisagée pour les établissements publics, mais son application au secteur privé reste limitée. Le ministère a tenté depuis 2015 d’ajuster les dotations en fonction des caractéristiques sociales des élèves dans le public, mais ce mécanisme n’est pas systématiquement appliqué dans le privé.
Les inégalités entre les établissements publics et privés ont des répercussions significatives sur la qualité de l’enseignement. Les lycées privés, bénéficiant généralement de plus de moyens, peuvent offrir de meilleures conditions d’apprentissage, plus de spécialités et des classes moins chargées. En revanche, les établissements publics doivent composer avec des ressources souvent insuffisantes pour répondre aux besoins de tous les élèves, ce qui peut affecter la qualité de l’enseignement et les opportunités offertes.
Les réformes récentes et les discussions sur l’équité en éducation soulignent la nécessité de revoir les mécanismes de répartition des moyens. Il est essentiel de garantir que les fonds publics sont utilisés de manière à réduire les inégalités et à offrir des opportunités éducatives équitables à tous les élèves, qu’ils fréquentent un établissement public ou privé.
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