Élévation de Baudelaire

Élévation est l’un des poèmes majeurs de Charles Baudelaire, issu du recueil Les Fleurs du mal, publié en 1857. Ce recueil explore les tensions entre le Spleen et l’Idéal, un thème fondamental chez Baudelaire.

Sommaire

Le poème s’inscrit dans la première section du recueil, intitulée Spleen et Idéal, qui illustre le désir d’échapper à la réalité terrestre pour atteindre un monde supérieur, empreint de pureté et de beauté absolue.

Baudelaire y expose la fonction du poète en tant qu’être capable de transcender la bassesse du monde grâce à l’imaginaire et à la pensée. Ce texte, à la fois lyrique et philosophique, révèle l’aspiration à une évasion spirituelle.

Analyse thématique et stylistique

1. Un mouvement d’élévation

Dès les premiers vers, Baudelaire exprime une ascension vers un monde supérieur. Le champ lexical de la hauteur est omniprésent :

  • « Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, des montagnes, des bois, des nuages, des mers »
  • « Par-delà le soleil, par-delà les éthers »
  • « Par-delà les confins des sphères étoilées »

Cette accumulation et cette anaphore structurent un mouvement progressif vers un monde spirituel et lumineux.

Le sujet du poème, l’esprit du poète, est personnifié et comparé à un nageur agile (« mon esprit, tu te meus avec agilité »). Cette image met en avant la fluidité et la facilité avec laquelle le poète atteint l’Idéal.

L’impératif « envole-toi » traduit une injonction forte à quitter le monde terrestre pour accéder à un espace pur et immatériel.

2. L’opposition entre le monde terrestre et l’Idéal

Baudelaire met en opposition deux mondes :

  • Le monde terrestre, qualifié de lourd, sombre et impur : « ces miasmes morbides », « l’existence brumeuse », « ennuis et vastes chagrins ».
  • L’Idéal, représenté par un espace lumineux et éthéré : « l’air supérieur », « les champs lumineux et sereins », « une pure et divine liqueur ».

L’opposition entre ces deux sphères met en valeur la condition du poète : il aspire à un monde de pureté et de transcendance, mais reste constamment tiraillé par le poids du Spleen, symbole de l’angoisse existentielle.

3. La poésie comme moyen de transcendance

Baudelaire suggère que la poésie permet cette élévation. Le dernier quatrain compare le poète à une alouette qui s’élève dans le ciel et comprend le « langage des fleurs et des choses muettes ».

Cette référence aux correspondances baudelairiennes renvoie à une harmonie cachée du monde que seuls les poètes perçoivent.

Baudelaire inscrit ainsi son poème dans la tradition du symbolisme, qui cherche à dépasser le réel pour en révéler la beauté cachée.

Structure et style du poème

Le poème est composé de cinq quatrains en alexandrins, avec des rimes croisées.

  1. Premier quatrain : mouvement d’élévation progressif.
  2. Deuxième quatrain : action de l’esprit du poète.
  3. Troisième quatrain : rejet du monde terrestre et purification.
  4. Quatrième quatrain : idéal de bonheur dans l’élévation.
  5. Cinquième quatrain : révélation poétique et symbolique de l’oïseau.

L’utilisation d’impératifs (« envole-toi », « va », « bois ») donne un aspect incantatoire au poème. De plus, les allitérations en [s] et [m] confèrent une fluidité musicale qui mime l’ascension du poète.

Importance de élévation dans les fleurs du mal

Le poème s’inscrit parfaitement dans la tension entre Spleen et Idéal, thème central du recueil.

  • Il préfigure des poèmes comme Correspondances, qui développent la vision du poète capable de percevoir l’invisible.
  • Il dialogue aussi avec L’Albatros, où le poète est comparé à un oiseau maladroit au sol mais majestueux en vol.

Ainsi, élévation résume l’ambition de Baudelaire : offrir, par la poésie, une porte d’accès vers l’Idéal.

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