Heureux qui comme Ulysse

L’année de première passe vite, et tu veux approfondir tes révisions pour le baccalauréat de français ? Cet article te propose une analyse approfondie du poème Heureux qui comme Ulysse, 31e sonnet du recueil Les Regrets de Joachim du Bellay.

Sommaire

Introduction

Le sonnet Heureux qui comme Ulysse de Joachim du Bellay est un poème élégiaque et lyrique, exprimant la nostalgie du poète pour son pays natal, l’Anjou. Écrit en 1558, ce texte résume l’expérience douloureuse de l’exil et fait écho à la réalité de Du Bellay, qui a passé quatre années à Rome. Ce sonnet suit la structure classique marotique avec deux quatrains et deux tercets aux rimes embrassées (ABBA ABBA CCD EED).

1. Une élégie marquée par la nostalgie de l’exil

Le lyrisme et la complainte du poète

Le poème est marqué par une forte présence du je lyrique. On note de nombreuses occurrences des pronoms personnels et des adjectifs possessifs : « mon petit village », « ma pauvre maison », « mes aïeux ». Ces termes accentuent le caractère personnel et intime du texte.

Le ton plaintif est renforcé par l’interjection « hélas » (v.5), placée à la césure, ce qui accentue le sentiment de regret et de lassitude.

L’utilisation du futur dans « Quand reverrai-je » (v.5) traduit l’incertitude du retour et la souffrance de l’attente.

La structure en parallèle entre Rome et la France

Du Bellay construit une opposition forte entre Rome et son pays natal. Il utilise une anaphore avec plus au début des vers du second tercet :

  • « Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine » (v.11)
  • « Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin » (v.12)
  • « Plus mon petit Liré, que le mont Palatin » (v.13)
  • « Et plus que l’air marin la doulceur angevine » (v.14)

Cette structure répétitive renforce la préférence du poète pour sa région natale face à la grandeur froide et inaccessible de Rome.

2. Un sonnet humaniste et poétique

Les références mythologiques et littéraires

L’humanisme se manifeste à travers les références à Ulysse et Jason, héros de la mythologie antique :

  • « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » (v.1)
  • « Ou comme cestuy-là qui conquit la toison » (v.2)

Ces héros, connus pour leurs aventures lointaines, sont ici présentés non pas pour leurs exploits, mais pour leur retour au pays. Du Bellay renverse ainsi la perspective traditionnelle des poèmes épiques.

Une critique implicite de Rome

Le poète ne se contente pas d’exprimer sa nostalgie, il critique aussi la Rome moderne, qu’il perçoit comme froide et déshumanisée :

  • « Le front audacieux » des palais romains (v.10) contraste avec le « séjour qu’ont bâti mes aïeux » (v.9), plus humble mais plus chaleureux.
  • L’ardoise fine (v.11), simple et authentique, est préférée au marbre dur, symbole d’une grandeur distante.

L’usage de diérèses (audacieux, angevine) alourdit le rythme et accentue la dureté des réalités romaines.

3. Une poésie technique et maîtrisée

Le choix du sonnet

Le poème suit la structure du sonnet marotique, avec ses deux quatrains aux rimes embrassées et ses deux tercets aux rimes suivies. Ce choix souligne l’influence de la Renaissance italienne tout en mettant en valeur la langue française.

L’alexandrin et les figures de style

Chaque vers suit un schéma rythmique rigoureux, avec une césure à l’hémistiche :

  • « Heureux qui, comme Ulysse,// a fait un beau voyage » (v.1)
  • « Ou comme cestuy-là// qui conquit la toison » (v.2)

L’utilisation de l’enjambement dans la deuxième strophe (« Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée ») renforce l’effet d’attente et d’incertitude.

Les sonorités contribuent également à l’expression des sentiments :

  • Les consonnes dures (« t », « r », « d ») accentuent la froideur de Rome.
  • Les sons doux (« l », « s », « n ») traduisent la chaleur et la tendresse associées à l’Anjou.

Problématique et plans d’analyse possibles

  1. Comment ce sonnet exprime-t-il la nostalgie et la douleur de l’exil ?
    • Le lyrisme et la plainte du poète
    • La construction d’une opposition entre Rome et la France
    • La dimension humaniste du poème
  2. En quoi ce sonnet constitue-t-il un éloge du pays natal ?
    • La valorisation de l’Anjou
    • La critique implicite de Rome
    • Le rôle de la poésie dans l’expression des sentiments
  3. Comment Du Bellay renouvelle-t-il le sonnet traditionnel ?
    • Une structure classique mais expressive
    • L’utilisation des figures de style
    • Un traitement original du voyage et de l’exil

Ouverture

Ce poème résonne avec d’autres textes du recueil Les Regrets, notamment le sonnet « France, mère des arts, des armes et des lois », qui exprime la même douleur de l’exil et l’amour de la patrie. On peut aussi le comparer à d’autres œuvres lyriques comme Les Contemplations de Victor Hugo, qui mêlent autobiographie et réflexion poétique.

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