Oliver Twist de Charles Dickens

C’est bien plus qu’une histoire d’orphelin demandant un peu plus de soupe. Oliver Twist, publié par Charles Dickens entre 1837 et 1839, est un monument de la littérature anglaise et une charge féroce contre l’hypocrisie de la société victorienne. De la misère des bas-fonds londoniens à la rédemption finale, plongez dans l’analyse de ce chef-d’œuvre incontournable.

Sommaire

Fiche d’identité de l’œuvre

  • Titre complet : Oliver Twist, or The Parish Boy’s Progress (Les Aventures d’Oliver Twist)
  • Auteur : Charles Dickens (1812-1870)
  • Date de publication : En feuilleton mensuel de février 1837 à avril 1839
  • Genre : Roman social, roman d’apprentissage (bildungsroman)
  • Cadre spatio-temporel : Angleterre (Londres et ses environs) au début du XIXe siècle

Le contexte : Dickens, un témoin engagé

Pour comprendre Oliver Twist, il faut comprendre l’Angleterre victorienne. À cette époque, la Révolution industrielle enrichit le pays mais plonge une partie de la population dans une misère noire. En 1834, les « New Poor Laws » (lois sur les pauvres) durcissent les conditions d’aide sociale : les indigents sont enfermés dans des workhouses (maisons de travail) aux allures de prisons, où les familles sont séparées et les rations de nourriture minimes.

Charles Dickens connaît bien ce monde : son propre père a été emprisonné pour dettes, et lui-même a dû travailler enfant dans une usine de cirage. Ce roman est son cri de colère contre un système qui criminalise la pauvreté.

Résumé complet de l’œuvre

1. L’enfance misérable (L’Hospice)

L’histoire commence dans un hospice paroissial où une jeune femme inconnue meurt en donnant naissance à un garçon : Oliver Twist. Élevé « à la dure » par l’hospice sous la tyrannie de Mr Bumble et Mrs Corney, Oliver commet l’irréparable : il ose demander une deuxième portion de bouillie (« Please, sir, I want some more »). Considéré comme un rebelle, il est vendu comme apprenti à un croque-mort, Mr Sowerberry. Maltraité par l’épouse de ce dernier et par un autre apprenti, Noé Claypole, Oliver s’enfuit vers Londres.

2. La descente aux enfers (Londres et le crime)

Épuisé, Oliver arrive à Londres où il rencontre Jack Dawkins, surnommé « The Artful Dodger » (le Renard). Ce jeune pickpocket l’introduit auprès de Fagin, un vieux recéleur qui dirige un gang d’enfants voleurs. Naïf, Oliver croit d’abord être parmi d’honnêtes artisans. La réalité le frappe lorsqu’il voit ses « amis » voler un mouchoir à un gentleman, Mr Brownlow. Arrêté à tort mais innocenté par un témoin, Oliver est recueilli par la victime.

3. L’espoir et la rechute

Chez Mr Brownlow, Oliver découvre la bonté et le confort. Il remarque une étrange ressemblance entre lui et le portrait d’une jeune femme dans le salon. Mais le répit est court : Fagin et son complice, le brutal cambrioleur Bill Sikes, craignent qu’Oliver ne les dénonce. Ils le kidnappent avec l’aide de Nancy, une prostituée au grand cœur qui regrettera vite son geste.

4. Le cambrioleur malgré lui

Forcé par Sikes, Oliver participe au cambriolage d’une maison de campagne. L’opération tourne mal : Oliver est blessé par balle. Laissé pour mort par les voleurs, il est soigné par les habitantes de la maison, Mrs Maylie et sa nièce adoptive, Rose. Une nouvelle vie paisible commence pour lui à la campagne.

5. La révélation finale (Dénouement)

L’étau se resserre. Un mystérieux personnage, Monks, complote avec Fagin pour détruire la réputation d’Oliver. Nancy, découvrant le plan, prévient Rose Maylie au péril de sa vie. Bill Sikes, apprenant la « trahison » de Nancy, la tue sauvagement avant de mourir accidentellement en tentant de fuir la police.

On découvre alors la vérité : Monks est le demi-frère d’Oliver. Leur père, Mr Leeford, avait laissé un testament favorisant Oliver, à condition qu’il ne tourne pas mal. Monks voulait donc corrompre Oliver pour empocher l’héritage. Rose Maylie se révèle être la tante d’Oliver (la sœur de sa mère). Tout est bien qui finit bien : Oliver est adopté par Mr Brownlow, Fagin est pendu, et Monks meurt en prison.

Analyse des personnages clés

  • Oliver Twist : Héros passif mais résilient. Il incarne la pureté et l’innocence qui résistent à la corruption du milieu. Contrairement aux autres enfants, il ne devient jamais un criminel malgré les pressions.
  • Fagin : L’antagoniste manipulateur. Il corrompt la jeunesse en jouant le rôle d’un « père » protecteur pour mieux exploiter les enfants. Il représente la cupidité absolue.
  • Bill Sikes : La violence brute. C’est un sociopathe qui terrorise son entourage, y compris son chien Bull’s Eye. Il incarne la brutalité des bas-fonds londoniens.
  • Nancy : Personnage tragique et complexe. Criminelle par nécessité mais capable d’amour et de sacrifice. Elle est la seule figure maternelle (bien que déchue) du roman pour Oliver. Elle paiera sa rédemption de sa vie.
  • Mr Brownlow : La figure du sauveur et du père idéal. Il représente la justice bienveillante et la charité véritable, par opposition à la charité institutionnelle hypocrite de l’hospice.

Les thèmes majeurs à maîtriser

1. La critique sociale et les « Poor Laws »

Dickens attaque frontalement l’institution des workhouses. Il dénonce l’hypocrisie d’une société qui prétend aider les pauvres en les affamant (la scène de la demande de soupe est emblématique). Les fonctionnaires comme Mr Bumble sont dépeints comme gras, arrogants et cruels, contrastant avec la maigreur des orphelins.

2. La ville contre la campagne

Le roman repose sur une opposition spatiale forte :

  • Londres : C’est un labyrinthe sale, sombre, dangereux et criminel. C’est le lieu de la perdition morale.
  • La campagne : C’est le lieu de la guérison (chez les Maylie), de la lumière et de la pureté retrouvée. Pour Dickens, le salut passe souvent par un retour à la nature et à une vie simple.
  • L’Hospice : Un lieu clos, carcéral, où l’individualité est niée (Oliver tire son nom d’une liste alphabétique arbitraire).

3. L’innocence face au mal

C’est la question centrale du livre : un enfant peut-il rester bon dans un environnement mauvais ? Dickens répond par l’affirmative. Oliver est une figure presque angélique, inaltérable. Cela sert l’argument de l’auteur : les pauvres ne sont pas mauvais par nature, c’est la société qui les corrompt. Si on leur donne une chance (comme le fait Brownlow), ils peuvent être des citoyens exemplaires.

Pourquoi ce livre est-il important aujourd’hui ?

Au-delà de l’aventure palpitante, Oliver Twist nous interroge sur notre regard envers la pauvreté. Dickens a réussi à donner un visage humain aux « statistiques » de la misère de son époque. Il nous rappelle que la délinquance est souvent le fruit de la désespérance sociale, un message qui résonne toujours puissamment deux siècles plus tard.

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