Que s’est-il passé ?
Le 4 juin 2024, dans la banlieue de Lyon, Iheb, un jeune buraliste de 19 ans, est interpellé dans le cadre d’une opération policière près de son commerce, situé boulevard Ambroise-Croizat. Les forces de l’ordre, intervenant sur un signalement de rodéo urbain, ont eu recours à une matraque télescopique et un pistolet à impulsion électrique. Les images de l’arrestation, filmées par des témoins, ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, déclenchant une vague de réactions.
Ces vidéos montrent un homme au sol, roué de coups par un policier, sous les yeux d’autres agents qui n’interviennent pas. Selon les avocats du jeune homme, Maîtres Céline Esteve et Vincent Brengarth, leur client a été « brutalement bousculé » avant d’être frappé à terre. L’incident a causé un traumatisme physique et psychologique, entraînant une interruption temporaire de travail de dix jours.
Des récits divergents
Les événements, tels qu’ils ont été rapportés, sont marqués par des versions contradictoires. D’un côté, les avocats du buraliste dénoncent des violences gratuites et injustifiées. Ils soulignent que leur client « ne présentait aucune menace » et qu’il a été agressé sans s’être débattu.
De l’autre, une source policière avance une version différente, affirmant que les agents étaient visés par des jets de projectiles de la part d’une quinzaine d’individus. Selon cette version, certains de ces individus se seraient réfugiés dans le bureau de tabac, et le jeune homme aurait proféré des insultes et des menaces envers les policiers.
Un témoin de la scène rapporte également que les forces de l’ordre avaient gazé des jeunes présents sur place, provoquant l’intervention d’Iheb, qui souhaitait que la situation s’apaise.
Une enquête pour violences volontaires classée sans suite
Le parquet de Lyon avait ouvert une enquête pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » dès le lendemain de l’incident. Cependant, après six mois d’investigations, les autorités judiciaires ont conclu que « les faits ou les circonstances des faits n’ont pu être clairement établis ».
L’avis de classement précise que « les preuves ne sont pas suffisantes pour que l’infraction soit constituée ». Cette décision a provoqué des réactions mitigées, certains voyant dans ce dénouement un déni de justice, tandis que d’autres y voient une absence de preuves tangibles pour incriminer les policiers.
Malgré cette décision, le jeune homme dispose encore de recours pour poursuivre l’affaire. Il peut engager une procédure de citation directe ou déposer une plainte avec constitution de partie civile devant le doyen des juges d’instruction. Ces démarches pourraient permettre à un juge d’instruction d’approfondir l’enquête.