Tout commence en 2023, avec une enquête de la section de recherches de Versailles visant un homme d’une trentaine d’années, résident des Hauts-de-Seine, accusé de consultations régulières d’images pédopornographiques. Une perquisition menée en novembre 2023 sur ses équipements numériques a permis de découvrir son appartenance à plusieurs canaux de discussion sur Signal. Ces canaux, caractérisés par des noms évocateurs, étaient utilisés pour partager massivement du contenu pédopornographique.
Les investigations ont révélé que ces groupes regroupaient environ 16 000 utilisateurs provenant de 130 pays, dont une majorité en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Parmi eux, 95 Français ont été identifiés, certains jouant un rôle actif dans l’administration des groupes ou la diffusion de contenu.
Une opération d’envergure en France
Les autorités françaises ont lancé une vaste opération d’arrestation et de perquisition, s’étalant sur une dizaine de jours, du 9 au 19 décembre 2024. Ces interventions ont mobilisé 570 enquêteurs, dont 140 spécialisés en cybercriminalité, sous la coordination de l’unité nationale cyber (UNC) de la gendarmerie.
Les 95 interpellations ont eu lieu dans plusieurs régions, notamment en Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, et le Grand Est. Les domiciles des suspects ont été fouillés, et 330 supports numériques ont été saisis, incluant 152 téléphones portables et 122 ordinateurs.
Les analyses des équipements confisqués ont permis de mettre la main sur une quantité impressionnante de contenu pédopornographique, représentant :
- 156 000 vidéos ;
- 375 000 photos ;
- 217 téraoctets de données numériques.
Les suspects, âgés de 16 à 74 ans, proviennent de milieux divers. Parmi eux figurent un adjoint municipal, un responsable associatif, et un éducateur sportif. 36 d’entre eux étaient déjà connus pour des infractions similaires, et 7 étaient inscrits au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si certains des accusés ont directement participé à la production de ces contenus ou commis des actes sur des mineurs identifiables dans les vidéos.
Les autorités françaises ont transmis leurs informations concernant les 16 320 utilisateurs étrangers identifiés à Interpol, afin d’élargir l’enquête au niveau international. Les groupes de discussion impliqués sur Signal ont été fermés, mais les investigations se poursuivent pour tracer les origines des contenus et protéger d’éventuelles victimes.