La consommation d’antidépresseurs s’envole chez les jeunes

La consommation de psychotropes, en particulier d’antidépresseurs, connaît une hausse alarmante chez les 12-25 ans, selon un rapport récent de l’Assurance Maladie. Cette tendance met en lumière des défis importants pour la santé mentale des jeunes, exacerbés par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et les limites du système de soins actuel.
antidepresseur etudiant

Une augmentation significative des prescriptions

En 2023, près de 936 000 jeunes ont été remboursés pour au moins un médicament psychotrope, marquant une augmentation de 18 % par rapport à 2019. Cette hausse inclut des médicaments variés comme les antidépresseurs (+60 %), les antipsychotiques (+35 %), et les anxiolytiques. Ces chiffres préoccupent les experts, car ils reflètent une détérioration globale de la santé mentale dans cette tranche d’âge.

Les épisodes dépressifs majeurs sont en forte progression, avec une prévalence passée de 11,7 % à 20,8 % chez les 18-24 ans entre 2017 et 2021, soit une hausse de 77 % en seulement quatre ans. Cette évolution témoigne d’un mal-être croissant dans cette population.

La pandémie de Covid-19 a joué un rôle central dans l’exacerbation des troubles psychiques chez les jeunes. L’isolement, l’incertitude et la désorganisation des parcours éducatifs ont créé un terrain propice au développement de troubles comme l’anxiété, la dépression et les phobies scolaires.

Les experts notent une prise en charge souvent trop tardive des troubles psychiques. Les délais d’attente pour un rendez-vous psychiatrique peuvent atteindre 6 à 18 mois, obligeant les médecins généralistes à prescrire des psychotropes en première ligne. Cette situation résulte en partie de la désertification médicale, qui affecte particulièrement les régions rurales et certaines zones urbaines.

Contrairement aux générations précédentes, les jeunes d’aujourd’hui semblent plus disposés à parler de leur mal-être et à chercher des solutions. Cela a contribué à un meilleur diagnostic des troubles comme la bipolarité, la schizophrénie et le stress post-traumatique, mais également à une augmentation des prescriptions.

Des inégalités de genre dans les prescriptions

Les jeunes femmes sont particulièrement concernées par cette augmentation. 62 % des psychotropes délivrés dans cette tranche d’âge concernent des filles. Les psychiatres expliquent cette disparité par une tendance à internaliser les émotions chez les jeunes filles, conduisant à des comportements autodestructeurs comme la scarification ou les tentatives de suicide.

Un système de soins saturé

En 15 ans, le nombre de lits en psychiatrie publique a diminué de 10 400 unités, tandis que seulement 2000 places en ambulatoire ont été créées pour compenser cette perte. Ce déficit affecte directement la qualité de la prise en charge et alourdit la charge de travail des soignants.

Parallèlement, les cliniques privées, qui se concentrent principalement sur les troubles dépressifs légers ou modérés, ont connu une expansion avec la création de 7000 places. Cependant, elles ne prennent généralement pas en charge la psychiatrie lourde ou les urgences, laissant ces responsabilités au secteur public.

Face à cette situation, plusieurs mesures sont envisagées pour répondre à la crise de la santé mentale :

  • Renforcer l’accès aux soins : Augmenter le nombre de psychiatres et de psychologues disponibles pour réduire les délais d’attente.
  • Développer des campagnes de sensibilisation : Encourager les jeunes à demander de l’aide tout en luttant contre la stigmatisation des troubles mentaux.
  • Favoriser les alternatives aux psychotropes : La Haute Autorité de santé recommande de privilégier les psychothérapies avant d’envisager des médicaments, sauf en cas de troubles graves.

La santé mentale est désormais une priorité pour l’Assurance Maladie, représentant 26,2 milliards d’euros, soit 14 % de ses dépenses totales. Cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir que cette crise ne laisse pas une génération entière souffrir en silence. La mobilisation des pouvoirs publics, des professionnels de santé et des associations est essentielle pour offrir des solutions adaptées et durables.

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