Âgé de 59 ans, Doualemn comptabilise plus de 138 000 abonnés sur TikTok, où ses publications lui ont valu des accusations d’incitation à la violence. Son expulsion avait été décidée par arrêté du ministre de l’Intérieur, dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie.
Une vidéo TikTok à l’origine de l’affaire
L’affaire débute avec la diffusion d’une vidéo sur TikTok dans laquelle Doualemn appelle à donner une « sévère correction » à un manifestant opposé au gouvernement algérien. Si des traductions ultérieures n’ont pas confirmé les mots « tuez-le », les propos ont été jugés suffisamment graves pour justifier le retrait de son titre de séjour.
Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, et le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, ont signalé cette vidéo dès sa publication. Le procureur de Montpellier, Fabrice Belargent, a précisé que la vidéo comportait des éléments pouvant être qualifiés d’appel à la torture, bien qu’aucun appel explicite au meurtre n’ait été prouvé.
Arrêté dimanche 5 janvier à Montpellier, Doualemn avait été placé en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes en attendant son expulsion. Jeudi, il a été conduit à Paris pour être mis dans un avion à destination de l’Algérie.
Son avocat, Jean-Baptiste Mousset, critique une procédure qu’il qualifie de précipitée. Selon lui, le gouvernement français aurait voulu éviter que l’expulsion soit examinée par un juge, une démarche qu’il considère comme une atteinte aux droits de son client. « Des moyens exceptionnels ont été mis en œuvre pour bâillonner mon client », a-t-il déclaré.
Refusé en Algérie, retour à la case départ
L’expulsion vers l’Algérie a pris un tournant inattendu lorsque les autorités algériennes ont refusé de le laisser entrer sur leur territoire. Doualemn a donc été renvoyé en France dans la soirée, ramenant la procédure à son point de départ. De retour à Roissy, il a été transféré au CRA du Mesnil-Amelot, où il est actuellement retenu.
Cette affaire intervient dans un climat tendu entre la France et l’Algérie. Les relations diplomatiques ont été récemment exacerbées par l’arrestation de figures publiques comme l’écrivain Boualem Sansal et plusieurs influenceurs algériens. Ces derniers jours, d’autres figures controversées sur TikTok ont également été arrêtées en France, notamment pour des propos incitant à la violence ou au terrorisme.
Parmi eux, Youcef A., alias « Zazou Youssef », arrêté à Brest, et Imad Tintin, interpellé à Grenoble, sont accusés d’incitation à des actes violents. Ces affaires contribuent à un climat de méfiance et de crispation autour des influenceurs franco-algériens actifs sur les réseaux sociaux.
Doualemn devait initialement être jugé le 24 février à Montpellier pour provocation publique à commettre un crime ou un délit. Malgré son expulsion avortée, cette procédure reste en cours. Les autorités françaises continuent de justifier leur décision par la gravité des propos tenus dans ses vidéos.
Pour son avocat, cette expulsion, bien que ratée, a porté atteinte aux droits fondamentaux de son client. Il envisage désormais une conférence de presse pour dénoncer les conditions de cette procédure.
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