Son extraction de la prison de Salemba, sous forte escorte, a marqué la fin d’un long combat judiciaire et diplomatique. Un accord de transfèrement entre la France et l’Indonésie a permis son retour, officiellement motivé par des raisons humanitaires en raison de son état de santé fragile.
Une affaire judiciaire hors norme
Arrêté en 2005 dans un laboratoire en banlieue de Jakarta, Serge Atlaoui a toujours nié son implication dans un trafic de drogue. Ce soudeur originaire de Metz affirmait qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles, pensant travailler pour une entreprise d’acrylique.
Initialement condamné à la prison à perpétuité, il a vu sa peine être transformée en condamnation à mort en 2007 par la Cour suprême indonésienne. Son exécution était prévue en 2015, aux côtés d’autres condamnés, mais la pression diplomatique française a permis de suspendre la sentence in extremis. Depuis, son sort était resté incertain.
Le Français a décollé dans la soirée depuis l’aéroport international Soekarno-Hatta, escorté par trois policiers français. Son arrivée à Paris est prévue mercredi matin.
Toutefois, il ne sera pas immédiatement libre à son retour. Dès son arrivée, il sera conduit à Bobigny, où il devra se présenter devant le parquet. Une détention provisoire est envisagée, le temps que la justice française décide de l’adaptation de sa peine. Son avocat, Me Richard Sédillot, espère obtenir une réduction de peine qui permettrait sa libération dans un délai de quelques semaines à quelques mois.
L’Indonésie est connue pour sa législation très stricte sur le trafic de drogue. La pression internationale et la mobilisation de la société civile, notamment de l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM), ont joué un rôle clé dans cette issue.
En novembre 2024, le ministre de la Justice français a officiellement demandé son rapatriement. Le 24 janvier 2025, un accord a été conclu entre Gérald Darmanin et son homologue indonésien, Yusril Ihza Mahendra, permettant de suspendre la condamnation à mort et d’autoriser son retour en France.
L’accord prévoit que la France puisse lui accorder une clémence, une amnistie ou une réduction de peine, une disposition qui sera examinée par la justice française dans les semaines à venir.
Un espoir pour d’autres condamnés à mort
Selon ECPM, au moins quatre Français sont actuellement condamnés à mort dans le monde : deux au Maroc, un en Chine et une femme en Algérie.
L’Indonésie, qui compte environ 530 prisonniers dans le couloir de la mort, n’a pas procédé à d’exécutions depuis 2016. L’accord conclu pour Serge Atlaoui pourrait ouvrir la voie à d’autres transfèrements pour raisons humanitaires.
Serge Atlaoui a survécu à deux cancers et à une condamnation à mort. Son retour en France représente un soulagement pour ses proches, mais son combat judiciaire n’est pas encore terminé. En attendant la décision de la justice française, il devra encore patienter avant de pouvoir retrouver une vie normale et régulière.
Son avocat insiste sur la nécessité pour lui de se reconstruire progressivement, après presque deux décennies passées derrière les barreaux dans des conditions difficiles.