Le communiqué officiel du gouvernement explique que cette interdiction repose sur des principes de protection de l’enfance. « Les enfants n’ont pas la maturité cognitive nécessaire pour prendre des décisions concernant des processus irréversibles« , affirme le texte. Cette annonce s’inscrit dans la politique plus large du président Milei visant à combattre ce qu’il qualifie de « l’idéologie de genre« .
La loi sur l’identité de genre remise en cause
Adoptée sous la présidence de Cristina Kirchner en 2012, la loi sur l’identité de genre faisait de l’Argentine l’un des pays les plus progressistes en matière de reconnaissance des identités trans. Elle permettait aux adultes et aux mineurs d’accéder à des traitements médicaux pour adapter leur apparence à leur identité de genre, sous réserve d’un accord parental et d’une validation judiciaire.
Avec la nouvelle directive gouvernementale, cette disposition est désormais suspendue pour les mineurs, empêchant toute transition médicale avant l’âge adulte. Le gouvernement met en avant des arguments liés à la protection de la santé et au respect du développement naturel des enfants.
Une décision inspirée d’autres pays
Le gouvernement argentin justifie cette interdiction en évoquant des décisions similaires prises dans d’autres pays. Selon le porte-parole présidentiel Manuel Adorni, « des pays comme le Royaume-Uni, la Suède, la Finlande et récemment les États-Unis font marche arrière sur ces pratiques en raison des risques pour la santé des enfants« .
Les partisans de cette mesure estiment que les transitions précoces comportent des dangers médicaux et psychologiques, notamment en raison du caractère irréversible de certains traitements. Ils soulignent également les témoignages de personnes regrettant leur transition, un argument souvent avancé dans le débat mondial sur ce sujet.
Une opposition farouche des associations LGBT+
L’annonce a provoqué une vague d’indignation parmi les associations de défense des droits LGBT+, qui dénoncent une atteinte aux droits fondamentaux. La Fédération argentine LGBT+ a immédiatement réagi en déclarant que « le président ne peut pas modifier une loi par décret » et a promis de saisir la justice nationale et la Cour interaméricaine des droits de l’homme.
Les militants trans dénoncent un recul sur les acquis en matière de reconnaissance et de protection des personnes transgenres. Ils craignent que cette interdiction expose davantage les jeunes à des discriminations et à des souffrances psychologiques accrues, faute d’un accompagnement médical adapté.
Un impact au-delà des mineurs
La mesure ne concerne pas uniquement les jeunes. Le gouvernement prévoit également d’interdire aux détenus de changer de genre pour demander un transfert de prison. « Un homme condamné qui se perçoit comme une femme ne pourra plus demander son transfert vers une prison pour femmes », précise le décret. Cette disposition vise, selon les autorités, à garantir la sécurité des détenues dans les établissements pénitentiaires.
Par ailleurs, Javier Milei envisage d’aller plus loin en remettant en question la possibilité de changer de genre par simple déclaration administrative, une disposition jusque-là prévue par la loi de 2012.
Cette interdiction s’inscrit dans une politique plus large de « bataille culturelle » menée par Javier Milei contre les mouvements progressistes. Il critique régulièrement le « cancer woke » et « l’idéologie du genre », qu’il considère comme une menace pour la société argentine.
Cette nouvelle orientation marque un tournant conservateur pour l’Argentine, autrefois pionnière en matière de droits LGBTQ+. La question reste de savoir si cette interdiction tiendra face aux recours judiciaires déjà en préparation et à la mobilisation des opposants politiques et militants des droits humains.
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