En 2011, le SAVM avait signé une convention avec Autolib’, prévoyant la mise en place d’un réseau de voitures électriques en libre-service et d’une infrastructure de recharge. À son apogée, le dispositif comptait 3 907 véhicules répartis sur 1 100 stations dans la région parisienne.
Cependant, les pertes financières se sont rapidement accumulées. Alors que le modèle économique du service promettait un bénéfice de 50 millions d’euros, le déficit a explosé, atteignant des centaines de millions d’euros. Devant cette impasse financière, le SAVM, sous l’impulsion de la mairie de Paris, a décidé de mettre un terme au contrat en juin 2018.
Dès la résiliation du contrat, Bolloré a réclamé une compensation financière de 233,7 millions d’euros, estimant que le SAVM lui devait réparation pour les pertes engendrées. Toutefois, en décembre 2023, le tribunal administratif de Paris avait rejeté cette demande en première instance.
Le groupe Bolloré a alors fait appel, et la cour administrative d’appel de Paris a partiellement donné raison à l’entreprise en condamnant le SAVM à verser une indemnité de 66 millions d’euros. Cette somme se décompose en 44,9 millions d’euros pour compenser les pertes d’exploitation, 13 millions pour l’infrastructure de recharge, et 8,2 millions pour les contrats et baux résiliés.
La cour a estimé que les difficultés économiques d’Autolib’ ne provenaient pas d’une faute du groupe Bolloré, mais plutôt d’une prévision trop optimiste du chiffre d’affaires au moment du lancement du service. Cependant, elle a également relevé que ni Autolib’ ni le SAVM n’avaient réagi suffisamment tôt aux signaux alarmants concernant la viabilité financière du projet.
Elle considère ainsi qu’Autolib’ aurait dû notifier dès 2013 le défaut d’intérêt économique du service, ce qui aurait permis d’arrêter la concession plus tôt et de limiter les pertes.
Sylvain Raifaud, actuel président du SAVM, a réagi à cette décision en soulignant que la somme attribuée à Bolloré est bien inférieure aux 235 millions demandés. Il a également précisé que le syndicat mixte a anticipé cette éventualité en provisionnant 32 millions d’euros.
Toutefois, il n’exclut pas un recours en cassation, une décision qui devrait être prise après consultation des élus administrateurs du syndicat.
Le SAVM gère aujourd’hui uniquement le service Vélib’, qui reste indépendant du contentieux Autolib’. Selon Sylvain Raifaud, cette condamnation n’aura aucun impact sur l’exploitation des vélos en libre-service, car les budgets des deux services sont distincts.
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