Michel Platini, 69 ans, et Sepp Blatter, 88 ans, encourent jusqu’à cinq ans de prison pour escroquerie. Toutefois, le procureur Thomas Hildbrand a opté pour une condamnation assortie d’un sursis avec une période probatoire de deux ans. Cette requête est similaire à celle du premier procès, où les deux hommes avaient été acquittés faute de preuves suffisantes.
Un contrat oral au cœur du litige
L’affaire repose sur un prétendu contrat oral passé entre Platini et Blatter pour un travail de conseiller effectué entre 1998 et 2002. À l’époque, un accord écrit signé en août 1999 prévoyait une rémunération annuelle de 300 000 francs suisses versée par la FIFA. Cependant, Platini et Blatter affirment s’être entendus pour un versement additionnel de 700 000 francs suisses annuels, payable ultérieurement en fonction des finances de l’organisation.
En 2011, alors que Platini était président de l’UEFA, il a soumis une facture de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) à la FIFA, signée par Blatter. L’instance a accepté le paiement, présenté comme un reliquat tardif de salaire.
Le procureur Thomas Hildbrand a dénoncé le caractère invraisemblable de cet arrangement financier. Il a rappelé que la FIFA disposait déjà de 21 millions de francs suisses de trésorerie en 1999 et que ses réserves avaient atteint 328 millions en 2002. Il a également souligné que l’absence de traces écrites, de témoins et de provision comptable était contraire aux usages commerciaux et aux pratiques internes de la FIFA.
Parmi les éléments retenus contre les deux hommes figure le témoignage de Jérôme Valcke, ex-numéro 2 de la FIFA. Celui-ci a affirmé que Platini avait initialement réclamé 4 millions de francs suisses, avant de se contenter de 2 millions. Cette déclaration renforce l’idée que le paiement ne correspondait pas à une créance légitime.
Le procureur Hildbrand a insisté sur les circonstances suspectes de cette transaction, effectuée en février 2011, soit deux mois après l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar et quelques mois avant l’élection présidentielle de la FIFA en juin 2011. Ces éléments suggèrent que le paiement pourrait être lié à des contreparties politiques ou stratégiques.
Michel Platini continue de clamer son innocence, dénonçant un complot visant à l’écarter du pouvoir. Il affirme que la FIFA lui devait cet argent et qu’il aurait intenté une procédure judiciaire en cas de non-paiement.
De son côté, Sepp Blatter maintient que l’accord verbal passé avec Platini était légitime et qu’il n’a jamais eu l’intention de frauder.
Le procès se poursuivra avec les plaidoiries de la défense, avant que la Cour ne rende son verdict final.
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