Un bestiaire humain en open space
Duran Lantink a transformé son podium en un espace de travail dystopique, illustrant avec ironie les codes du monde corporate. Sur une moquette beige, les mannequins ont déambulé dans des silhouettes hybrides où se mêlaient uniformes de bureau et références animalières. Des imprimés zébrés, léopard ou encore peau de vache ont côtoyé des ensembles inspirés du workwear, dans un dialogue entre nature et culture.
Le défilé a débuté par une vision déroutante : une mannequin arborant un torse d’homme sculpté en silicone sous un blazer structuré. Quelques passages plus tard, l’effet miroir s’est inversé lorsqu’un mannequin masculin est apparu, affichant une poitrine féminine exagérément rebondissante. Un jeu sur le genre et les codes vestimentaires qui a déclenché une réaction immédiate du public.
L’art du détournement et de la déconstruction
Maître du détournement, Duran Lantink a proposé des vêtements à double lecture. Les pantalons taille basse s’ouvraient à l’arrière pour dévoiler les fesses, tandis que des chemises étaient détournées en jupes asymétriques. Des vestes de tailleur semblaient suspendues à la silhouette comme posées sur un cintre, défiant les conventions du prêt-à-porter.
Par ailleurs, l’upcycling, signature du designer, était omniprésent. Des pièces issues de stocks invendus ont été revalorisées dans des créations aux coupes architecturales. L’influence du cosplay et du théâtre s’est également ressentie dans des silhouettes aux volumes exagérés et aux matières expérimentales, illustrant la liberté d’expression qui caractérise le travail de Lantink.
Un hommage au surréalisme et aux trompe-l’œil
Dans la continuité de son travail sur les illusions visuelles, le créateur a exploré l’effet trompe-l’œil avec des combinaisons moulantes intégrales imitant la peau nue, jouant avec l’idée de la seconde peau. Ces pièces évoquaient des peintures corporelles en mouvement, amplifiées par des bottes assorties qui prolongeaient les lignes du corps.
Les silhouettes rebondies, inspirées de l’esthétique fétichiste et du surréalisme, ont également ponctué le show. Des épaules démesurées, des hanches gonflées par des coussinets et des structures rembourrées donnaient aux mannequins une allure sculpturale, presque caricaturale. Ce jeu sur les proportions, déjà exploré dans ses collections précédentes, atteint ici un nouveau niveau de sophistication.
Un avenir prometteur pour Duran Lantink
Avec ce défilé, Duran Lantink affirme plus que jamais sa place parmi les designers les plus audacieux du moment. Récompensé par le prix Karl Lagerfeld et pressenti pour diriger une grande maison parisienne, il continue de prouver que la mode peut être à la fois un terrain de jeu et une plateforme d’expression engagée.
Son approche du vêtement, à mi-chemin entre sculpture et manifeste, séduit une nouvelle génération en quête de sens et d’expérimentation. Si cette collection automne-hiver 2025-2026 est un avant-goût de ce que pourrait être l’avenir de la mode, il est certain que Duran Lantink n’a pas fini de bousculer les codes.
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🇫🇷 Fashion Week de Paris 2025 pic.twitter.com/9djUZ9hPuB
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) March 10, 2025