Comment mesurer les inégalités ?
Les économistes utilisent plusieurs indicateurs pour évaluer ces disparités :
- Le coefficient de Gini : il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité maximale).
- Les ratios de revenu : par exemple, le rapport entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres.
- La part du revenu accaparée par les plus hauts revenus.
Les grandes tendances des inégalités au XXe siècle
Une réduction des inégalités entre 1900 et 1970
Au début du XXe siècle, les inégalités étaient très marquées. La majorité des richesses était détenue par une minorité, et la classe ouvrière avait un accès limité aux services publics et à l’éducation.
Les deux guerres mondiales et la crise de 1929 ont réduit les inégalités de patrimoine, car de nombreuses grandes fortunes ont été impactées. À partir des années 1950, la croissance économique et les politiques de redistribution (instauration de la sécurité sociale, développement de l’éducation publique, hausse du salaire minimum) ont contribué à une meilleure répartition des revenus.
Dans de nombreux pays, le revenu des 10 % les plus riches représentait 50 % du total en 1910 contre environ 30 % en 1970.
Le retournement des années 1970 : le retour des inégalités
Depuis les années 1980, on observe une hausse des inégalités dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs :
- La mondialisation, qui a favorisé les hauts revenus et la délocalisation d’emplois peu qualifiés.
- La déréglementation des marchés financiers, permettant aux plus riches d’accroître leur patrimoine.
- La baisse des impôts sur les hauts revenus et les grandes entreprises.
- La précarisation du travail, avec l’augmentation des emplois à temps partiel et à bas salaire.
Dans les pays anglo-saxons, la part des 1 % les plus riches dans le revenu total est passée de 8 % en 1970 à 20 % en 2020.
Les inégalités aujourd’hui : un phénomène global
Les inégalités de revenu
Le revenu disponible (apprès impôts et transferts sociaux) reste très inégalement réparti. Dans l’OCDE, les 10 % les plus riches gagnent en moyenne 9,5 fois plus que les 10 % les plus pauvres.
Aux États-Unis, la stagnation des salaires des classes moyennes contraste avec l’explosion des revenus des plus riches. En France, la situation est plus stable grâce à un système de protection sociale plus fort.
Les inégalités de patrimoine
Les inégalités de patrimoine (immobilier, actions, épargne) sont encore plus marquées que celles de revenu. Les 10 % les plus riches possèdent environ 50 % de la richesse totale en France, et 80 % aux États-Unis.
Ce phénomène est amplifié par la transmission héréditaire : une grande partie du patrimoine est issue d’héritages plutôt que de revenus du travail.
Les populations les plus touchées par les inégalités
Les jeunes
Les jeunes sont particulièrement concernés par la précarité :
- Difficultés d’accès à l’emploi stable.
- Salaires plus bas en début de carrière.
- Accès difficile à la propriété immobilière.
Les femmes
Malgré des progrès, les femmes gagnent encore en moyenne 15 % de moins que les hommes à poste égal. Elles sont aussi sous-représentées dans les postes à haute responsabilité.
Les travailleurs précaires
Avec la flexibilisation du marché du travail, les emplois temporaires et à faible rémunération se sont multipliés, affectant les travailleurs peu qualifiés.
Quelles solutions pour réduire les inégalités ?
Une fiscalité plus progressive
L’augmentation des impôts sur les hauts revenus et sur le patrimoine permettrait de rééquilibrer la distribution des richesses.
Un accès élargi à l’éducation et à la formation
L’éducation est un levier essentiel pour réduire les inégalités à long terme. Des investissements accrus dans la formation professionnelle permettraient de favoriser l’ascension sociale.
Une meilleure protection sociale
Des dispositifs comme le revenu universel ou l’extension des allocations sociales pourraient aider à limiter les disparités.
Une régulation des marchés financiers
La limitation de la spéculation et l’encadrement des paradis fiscaux contribueraient à une répartition plus équilibrée des richesses.
L’évolution des inégalités économiques montre qu’elles ne sont pas une fatalité. Les politiques publiques et les choix de société influencent directement la manière dont les richesses sont distribuées.