Adam Smith, figure fondatrice de l’économie moderne
Adam Smith, né en 1723 en Écosse, est l’un des penseurs les plus influents de l’histoire économique. Philosophe avant d’être économiste, il s’inscrit dans le mouvement des Lumières écossaises. Ses deux œuvres majeures, Théorie des sentiments moraux (1759) et Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), ont posé les fondements de la pensée économique libérale.
La division du travail comme moteur de productivité
Smith explique que la division du travail est une source majeure de croissance économique. En spécialisant les tâches, chaque travailleur devient plus compétent, plus rapide et plus efficace.
Trois grands effets sont identifiés :
- L’effet d’apprentissage : la répétition améliore la maîtrise des compétences.
- La suppression des pertes de temps liées à la transition d’une tâche à l’autre.
- L’apparition de la mécanisation, facilitée par des gestes simples et répétitifs.
Smith illustre cette idée avec la fabrication d’épingles : un ouvrier isolé pourrait produire quelques unités par jour, tandis qu’une équipe organisée selon une division du travail peut en produire des milliers.
Le marché autorégulateur et la main invisible
Smith pense que le marché est capable de s’autoréguler grâce aux comportements individuels guidés par l’intérêt personnel. Il formule le concept célèbre de « main invisible » : en poursuivant leur propre intérêt, les individus contribuent, sans le vouloir, à l’intérêt collectif.
Exemples de mécanismes autorégulateurs :
- Si un bien est trop cher, les consommateurs achètent moins, forçant les producteurs à baisser le prix.
- Si un bien est trop demandé, les entreprises augmentent leur production, rétablissant l’équilibre.
Pour Smith, le rôle de l’État est limité : il doit se concentrer sur la défense nationale, la justice, les infrastructures publiques et l’éducation de base.
L’analyse de la valeur : le travail comme unité de mesure
Adam Smith est l’un des premiers à proposer une théorie de la valeur-travail. Il distingue :
- La valeur d’usage, qui correspond à l’utilité du bien pour celui qui le consomme.
- La valeur d’échange, qui est déterminée par la quantité de travail nécessaire à la production.
Le paradoxe de l’eau et du diamant est clé ici : l’eau est vitale mais peu chère, tandis que le diamant est inutile mais très cher. C’est le travail investi qui justifie cette différence de valeur d’échange.
La théorie de l’avantage absolu et le commerce international
Dans La richesse des nations, Smith s’oppose au mercantilisme, qui considère la richesse comme un stock d’or. Il défend le libre-échange et développe la théorie de l’avantage absolu.
Selon lui :
- Un pays a intérêt à se spécialiser dans la production des biens pour lesquels il est plus efficace que les autres.
- Il doit ensuite échanger avec d’autres pays, chacun profitant des compétences spécifiques des autres.
La spécialisation internationale permet ainsi d’améliorer la productivité mondiale, d’encourager la compétition et de faire baisser les prix.
Les limites de ses théories
Malgré sa vision optimiste du marché, Smith reconnaît certaines faiblesses :
- La division du travail peut abrutir les travailleurs, réduits à des tâches répétitives.
- Il reconnaît que l’État a un rôle à jouer dans l’éducation et les infrastructures.
- Sa théorie de l’avantage absolu ne permet pas à tous les pays de participer au commerce (contrairement à Ricardo, qui parlera d’avantage comparatif).
L’héritage d’Adam Smith dans la pensée économique
Les idées de Smith ont jeté les bases de l’école classique, influencée ensuite par Ricardo, Malthus ou encore Say. Sa défense du libéralisme économique est devenue le socle des politiques de libre-échange et de non-intervention.
Il est aussi un précurseur de la réflexion sur la place de l’état dans l’économie et la moralité du marché, sujet qu’il aborde dans son premier livre. Pour lui, l’économie ne peut être comprise sans une base morale solide.
Aujourd’hui, ses théories sont encore largement discutées, critiquées, dépassées parfois, mais restent une référence incontournable pour comprendre les grands débats économiques.