Des enfants ciblés pour leur couleur de peau
Tout commence dans le Minnesota, où le couple adopte cinq enfants issus d’un foyer pour jeunes vulnérables. En 2018, la famille déménage dans l’État de Washington, puis en mai 2023, à Sissonville, une petite ville tranquille de Virginie-Occidentale. Mais derrière cette apparente normalité se cache un enfer. La juge Maryclaire Akers a été claire : les enfants ont été choisis à cause de leur race, et leur adoption était un prétexte pour les exploiter.
L’alerte est donnée par des voisins, inquiets après avoir vu Donald Lantz enfermer deux enfants dans un cabanon avant de quitter les lieux. Les forces de l’ordre interviennent rapidement et découvrent une scène insoutenable : des enfants enfermés sans eau, sans toilettes, dormant sur le béton, dans des conditions inhumaines. Les vêtements sont sales, les enfants sentent mauvais, et l’un d’eux a des blessures visibles aux pieds.
Au fil de l’enquête, un tableau glaçant se dessine. Les enfants étaient forcés à effectuer des tâches pénibles, souvent en extérieur. Ils devaient soulever des charges lourdes, creuser à mains nues, et subir des insultes racistes de la part de Whitefeather. Leur alimentation était minimaliste : principalement des sandwichs au beurre de cacahuète, parfois récupérés de repas précédents.
La vie à l’intérieur de la maison n’était pas mieux. Certains enfants devaient rester debout pendant des heures, les mains sur la tête, et utiliser un seau comme toilettes. Deux des enfants partageaient une pièce sans lit, où ils devaient assurer leur intimité avec un simple drap face à une caméra de surveillance.
Lors du procès, les enfants – aujourd’hui placés dans des foyers ou des familles d’accueil – ont pris la parole. L’aînée, aujourd’hui majeure, a traité ses anciens « parents » de monstres. Une autre enfant a déclaré :
Je vais devenir quelqu’un de fort et beau. Vous resterez toujours ce que vous êtes : horribles.
La plus jeune a raconté qu’on lui avait appris à rire des souffrances de ses frères et sœurs, et qu’elle commence seulement maintenant à comprendre que ce qu’elle a vécu n’était pas normal.
À l’audience, Whitefeather a tenté de se défendre, affirmant qu’elle aimait ses enfants et qu’elle n’avait jamais voulu leur faire de mal intentionnellement. Lantz a lui aussi exprimé son amour pour eux. Mais la juge ne s’est pas laissée attendrir.
Vous leur avez fait vivre l’enfer. Ce tribunal vous envoie dans le vôtre.
Les avocats du couple ont tenté de rejeter la responsabilité sur le manque de soutien des services sociaux, prétendant que Whitefeather et Lantz étaient dépassés. Selon eux, les enfants présentaient déjà des troubles liés à leurs passés traumatiques. Mais les preuves présentées au procès ont montré que le couple n’a jamais réellement cherché à obtenir de l’aide, malgré la proximité d’une clinique spécialisée.
Un psychologue a confirmé que les maltraitances subies avaient aggravé l’état mental des enfants, et que certains souffraient désormais de troubles sévères, nécessitant un suivi psychologique intensif.
Cette affaire a provoqué une onde de choc aux États-Unis. Le verdict rend hommage au courage des enfants qui ont parlé, malgré la peur et les menaces. Le couple devra verser 280 000 dollars à chacun des cinq enfants, mais aucune somme ne pourra réparer les années perdues.
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