Comprendre le développement durable en économie
Une vision globale du développement
L’économie du développement durable cherche à réconcilier croissance économique, justice sociale et respect de l’environnement. Ce n’est pas seulement une mode ou un slogan, mais une véritable tentative de redéfinir la façon dont on conçoit le progrès.
Le développement durable se définit comme la capacité à satisfaire les besoins d’aujourd’hui sans empêcher les générations futures de satisfaire les leurs. Cette logique repose sur trois grands piliers : l’économie, le social et l’environnement.
Croissance à tout prix ?
Pendant longtemps, la croissance était vue comme l’unique objectif. Mais aujourd’hui, on se rend compte que produire toujours plus a un coût écologique et humain énorme. Pollution, inégalités, maladies liées à la dégradation de l’environnement… Autant d’effets pervers que la croissance ne prend pas en compte.
Les différents types de capitaux à prendre en compte
Capital naturel
Il regroupe les ressources issues de la nature : air, eau, forêts, sols, biodiversité, énergies fossiles, etc. Ces ressources peuvent être renouvelables ou non, mais elles sont limiteées. Leur destruction ou leur raréfaction a des conséquences graves sur les écosystèmes et les activités humaines.
Capital physique
C’est l’ensemble des biens matériels utilisés pour produire : machines, infrastructures, bâtiments, routes, outils, etc. Le capital physique est renouvelable par l’investissement.
Capital humain
Il correspond aux connaissances, compétences, santé et expérience des individus. Une population bien formée et en bonne santé est un atout essentiel pour un développement équilibré.
Capital social et institutionnel
Il regroupe les règles, normes, valeurs, institutions, réseaux de solidarité et de confiance qui permettent aux individus de coopérer. Sans capital social, difficile de construire une société stable.
La question de la soutenabilité : faible ou forte ?
Deux approches qui s’opposent
Les économistes ne sont pas tous d’accord sur comment rendre le développement durable. On distingue deux grandes visions :
La soutenabilité faible
Elle considère que les différents types de capitaux sont substituables. Si on détruit un bout de forêt mais qu’on investit en même temps dans l’éducation ou dans des hôpitaux, alors on compense la perte. Pour les partisans de cette vision, le progrès technique permettra toujours de trouver des solutions.
La soutenabilité forte
Elle part du principe que le capital naturel est irremplaçable. Une espèce animale disparue, une forêt primaire rasée ou une mer morte ne pourront pas être recréées. Selon cette approche, il faut absolument préserver le stock de ressources naturelles.
Les limites écologiques de la croissance
L’épuisement des ressources naturelles
Notre modèle actuel repose sur la consommation excessive de ressources. Le problème, c’est que beaucoup de ces ressources sont non renouvelables ou se renouvellent très lentement. C’est le cas du pétrole, du gaz, des métaux rares, etc. L’agriculture intensive, la déforestation, la surpêche… tout cela affaiblit nos écosystèmes.
Les déséquilibres climatiques
Le réchauffement climatique est l’une des conséquences les plus graves de notre activité économique. En brûlant des énergies fossiles, on relâche d’énormes quantités de CO2 dans l’atmosphère. Le climat se dérègle, les catastrophes naturelles se multiplient.
L’impact sur le bien-être
L’augmentation de la production ne garantit pas une amélioration du bien-être. C’est ce que montre le paradoxe d’Easterlin : au-delà d’un certain seuil de richesse, le bonheur subjectif n’augmente plus. Pire encore, les inégalités et les dégradations environnementales peuvent le faire baisser.
Les outils de l’État pour un développement durable
La réglementation
L’État peut imposer des normes environnementales strictes : limites d’émission de CO2, interdiction de certaines substances, obligation de recycler, etc. C’est un outil efficace mais qui demande des moyens de contrôle importants.
La taxation
L’idée est de faire payer aux pollueurs les coûts qu’ils imposent à la société. La taxe carbone, par exemple, vise à augmenter le prix des produits les plus polluants pour inciter les entreprises et les consommateurs à changer leurs comportements.
Le marché de quotas d’émission
C’est un système dans lequel les entreprises reçoivent un droit à polluer. Si elles polluent moins que prévu, elles peuvent revendre leur quota. Sinon, elles doivent en acheter. Ce mécanisme permet de réduire les émissions totales tout en laissant de la flexibilité.
Repenser les indicateurs de richesse
Les limites du PIB
Le PIB mesure la production de richesses, mais ne prend pas en compte la qualité de vie ni les dégâts environnementaux. Il peut augmenter alors que la pollution explose ou que les inégalités se creusent.
Des indicateurs alternatifs
Plusieurs indicateurs cherchent à corriger cela :
- IDH : combine revenu, santé et éducation
- IPH : prend en compte la pauvreté humaine
- Empreinte écologique : mesure la pression exercée sur les écosystèmes
- BIP 40 : indicateur français intégrant inégalités et bien-être
Les défis à relever pour un avenir durable
Justice entre les pays
Les pays du Nord ont longtemps pollué sans restriction. Aujourd’hui, ils demandent aux pays du Sud de limiter leur croissance au nom de l’environnement. C’est un vrai dilemme. Le développement durable passe aussi par une coopération internationale équitable.
Innovation et sobriété
On attend beaucoup des progrès techniques pour rendre la croissance plus propre. Mais il faut aussi penser à une modification des modes de vie : consommer moins, mieux, différemment. Ce qu’on appelle parfois la sobriété heureuse.
Implication citoyenne
Changer de modèle économique ne se fera pas sans l’engagement des citoyens. Choix de consommation, mobilisations, votes, changements de pratiques… chacun a un rôle à jouer dans cette transition vers un modèle plus respectueux de l’humain et de la planète.