Tout commence en février 2023, lorsqu’un signalement parvient à la police britannique : une femme serait retenue contre son gré dans une maison près d’Oxford. Rapidement, l’enquête permet d’identifier la victime et de remonter jusqu’à Lydia Mugambe. Selon les autorités, cette dernière avait facilité l’entrée au Royaume-Uni de la jeune femme, qui devait officiellement travailler pour un diplomate ougandais à Londres. En réalité, elle s’est retrouvée assignée aux tâches ménagères et à la garde des enfants de Mugambe, sans contrat, sans salaire, sans liberté.
D’après les enquêteurs, Lydia Mugambe a payé le billet d’avion de la victime et est allée la chercher elle-même à l’aéroport. À partir de ce moment, la jeune femme est devenue une domestique non rémunérée, soumise à l’autorité d’une magistrate qui utilisait son statut et sa connaissance du droit pour l’intimider et la maintenir sous contrôle. L’accusation a été claire : abus de pouvoir, exploitation, intimidation de témoin, et violation de la législation sur l’immigration.
Lors de son arrestation, Mugambe a affirmé bénéficier de l’immunité diplomatique, en tant que juge ougandaise et membre d’un tribunal onusien.
« Je suis juge dans mon pays, j’ai un passeport diplomatique. Je ne suis pas une criminelle », a-t-elle déclaré à l’officier qui procédait à son interpellation.
Cette tentative de défense n’a pas convaincu la justice britannique, qui a rejeté ses arguments et poursuivi le procès.
Durant les audiences, les procureurs ont dressé le portrait d’une manipulation savamment orchestrée. Lydia Mugambe aurait tiré profit de la naïveté et du manque de repères juridiques de la victime. Elle aurait empêché la jeune femme de chercher un emploi en dehors du foyer, et l’aurait convaincue que son avenir dépendait d’elle. Pire encore, elle aurait tenté d’influencer le témoignage de la victime et de manipuler la justice en s’appuyant sur des liens avec un diplomate ougandais.
La victime a raconté devant le tribunal un quotidien marqué par l’isolement, la peur et l’impuissance. Privée de ses droits, coincée dans une maison où elle devait s’occuper des enfants et du ménage sans répit, elle disait se sentir « coincée » et « seule ». Son statut d’étrangère et son absence de ressources la rendaient vulnérable, sans recours possible, jusqu’à ce que quelqu’un alerte la police.
Le verdict est tombé : Lydia Mugambe est coupable. Elle a été reconnue responsable de plusieurs infractions, dont le travail forcé, la conspiration à l’exploitation, et l’intimidation d’un témoin. La peine exacte sera annoncée le 2 mai 2025 par le tribunal d’Oxford. Une décision très attendue, non seulement pour rendre justice à la victime, mais aussi pour rappeler qu’aucun titre, aucune fonction, n’autorise l’exploitation humaine.
Le cas Lydia Mugambe secoue les institutions. Comment une juge des Nations unies, censée incarner l’intégrité et le respect des droits humains, a-t-elle pu commettre un tel acte ? Cette affaire pose de nombreuses questions sur les zones grises de l’immunité diplomatique, sur la protection réelle des travailleurs domestiques, et sur les failles dans les systèmes de contrôle migratoires.
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Lydia Mugambe, juge des nations unies reconnue coupable d’esclavage. Elle a été reconnue responsable de plusieurs infractions, dont le travail forcé, la conspiration à l’exploitation, et l’intimidation d’un témoin.
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) March 27, 2025
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