En comparaison, les jeunes pousses britanniques n’ont réuni que 289 millions d’euros, enregistrant une chute de 37% par rapport à 2023. Si elles restent premières en nombre d’opérations (56), la France prend l’avantage sur le volume de capitaux injectés. Avec seulement 25 opérations, l’Hexagone mise sur des tickets plus importants, signe d’une plus grande maturité des projets financés.
Une progression du ticket moyen en France
Ce qui marque surtout, c’est la hausse du ticket moyen en France. Il atteint 14 millions d’euros, contre 11 millions en 2023, soit une progression de 27%. Cette évolution montre que les investisseurs privilégient désormais la qualité à la quantité, misant sur des start-up plus solides et ambitieuses.
Parmi les plus belles levées de 2024, on retrouve :
- ChapsVision avec 85 millions d’euros, une entreprise à l’origine spécialisée dans le big data qui développe aujourd’hui des solutions cyber pointues.
- Zama, spécialiste du chiffrement homomorphe, qui a levé 67 millions.
- Filigran, engagée dans la gestion des risques numériques, qui a réalisé deux tours de table pour un total de 33,8 millions.
- YesWeHack, qui propose une plateforme de bug bounty, a levé 26 millions d’euros.
Autre point marquant : 60% des fonds levés en France proviennent de fonds français, preuve d’un soutien national fort envers les start-up locales du secteur.
Un marché mondial toujours dominé par les États-Unis
Même si la France se distingue en Europe, le leader incontesté reste les États-Unis, avec 85% des montants levés dans le monde. Les start-up américaines ont attiré 10,3 milliards d’euros, en hausse de 53% par rapport à 2023. Des chiffres vertigineux, portés par des levées records comme :
- Wiz, spécialisée dans la sécurité cloud : 1 milliard de dollars levés.
- Cyera, qui se concentre sur la protection des données sensibles : 600 millions.
- Kiteworks, pour l’échange sécurisé de fichiers : 456 millions.
En 2024, huit nouvelles licornes ont émergé dans la cybersécurité, et elles sont toutes américaines. Ce dynamisme s’explique notamment par une appétence au risque plus forte des investisseurs américains et par un marché local plus mature.
Une Europe en retrait mais toujours active
Du côté européen, les chiffres sont moins réjouissants. Le total des fonds levés est en baisse : 1,06 milliard d’euros, soit 25% de moins qu’en 2023. Le nombre d’opérations recule également de 20%, avec 687 deals contre plus de 800 l’année précédente.
Pourtant, la France résiste. Elle ne bénéficie pas d’un boom comme aux États-Unis, mais elle reste solide face à des voisins en recul. L’écosystème français continue d’attirer les financements, malgré l’attentisme de certains investisseurs lié à un contexte politique et géopolitique flou.
Une dynamique aussi portée par les acquisitions
Au-delà des levées de fonds, 2024 a aussi été marquée par de nombreuses acquisitions dans le secteur. En Europe, 134 start-up ont été rachetées, dont :
- 71% par des entreprises européennes
- 25% par des sociétés américaines
En France, 12 acquisitions ont été recensées, dont 11 par des acteurs français, ce qui reflète une volonté de consolidation locale du secteur.
Un terreau fertile pour les jeunes pousses françaises
Malgré des vents contraires, la France continue de se démarquer comme un hub de cybersécurité en Europe. La croissance des levées, la taille des tickets, l’engagement des fonds nationaux et l’émergence d’acteurs spécialisés comme YesWeHack ou Filigran montrent que l’innovation française en cyber a encore de belles années devant elle.
L’écosystème reste solide, résilient, et de plus en plus structuré pour répondre aux enjeux croissants en matière de cybersécurité, dans un monde où les attaques se multiplient et les besoins explosent. Pour les jeunes talents, les ingénieurs et les entrepreneurs, la cybersécurité made in France est clairement un terrain à suivre de très près.
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