Comprendre la notion de plein-emploi
Le plein-emploi, ce n’est pas l’absence totale de chômage. C’est une situation où toutes les personnes qui souhaitent travailler peuvent trouver un emploi, à condition d’accepter certaines conditions (temps de trajet, salaire, horaires…).
En économie, on estime qu’un pays est en situation de plein-emploi lorsque le taux de chômage est inférieur à 5 %, ce qui correspond aux frictions naturelles du marché du travail (temps de recherche d’emploi, reconversion, etc.).
Les grandes théories autour du plein-emploi
La vision des économistes néoclassiques
Pour les économistes néoclassiques, le marché du travail fonctionne comme un marché classique : l’offre et la demande de travail se rencontrent. Si le chômage persiste, c’est souvent à cause de rigidités salariales (salaire minimum trop élevé, indemnités chômage trop généreuses).
Dans ce modèle, le chômage est considéré comme volontaire, car les travailleurs refusent un emploi au salaire d’équilibre. Le remède serait donc plus de flexibilité (facilité de licenciement, salaires négociables à la baisse).
L’approche keynésienne
Keynes pense l’inverse : le chômage est souvent involontaire. Il ne vient pas d’un problème sur le marché du travail mais d’une insuffisance de la demande globale. Les entreprises n’embauchent pas parce qu’elles anticipent peu de ventes. Pour lui, l’État doit intervenir en relançant l’économie via des investissements publics ou en soutenant la consommation.
Des débats toujours d’actualité
Ces deux visions restent au cœur des débats sur les politiques de l’emploi. D’un côté, certains prônent plus de flexibilité ; de l’autre, on défend des politiques de soutien à la demande et des investissements dans les services publics ou la formation.
Le plein-emploi dans la réalité : mythe ou objectif atteignable ?
Des chiffres encourageants en France…
Depuis 2018, le taux de chômage français a baissé régulièrement. En 2022, il s’établit à environ 7,4 % de la population active. C’est l’un des plus bas niveaux depuis 15 ans. Des mesures comme l’apprentissage ou la réforme du marché du travail ont sans doute aidé à créer plus d’emplois.
… mais une réalité plus complexe
Même avec cette baisse, le plein-emploi n’est pas atteint. Plusieurs obstacles subsistent :
- Décrochage formation/emploi : des métiers peinent à recruter faute de profils qualifiés.
- Manque d’attractivité : certains métiers (restauration, soin, bâtiment) n’attirent plus.
- Mobilité géographique : les gens ne veulent pas toujours déménager pour un travail.
- Conditions de travail : horaires difficiles, salaires bas, peu de reconnaissance.
Les politiques publiques en action
La loi pour le plein emploi
Le gouvernement français a mis en place une loi pour le plein emploi qui veut simplifier les dispositifs d’accompagnement, rapprocher les entreprises et les candidats et rendre les formations plus efficaces. Objectif : zéro personne durablement sans emploi.
Les mesures incitatives
Le développement de l’alternance, la réforme de l’assurance chômage ou les aides à l’embauche sont autant de leviers. Certains secteurs clés (numérique, santé, transition écologique) concentrent les besoins en recrutement, mais demandent souvent une montée en compétence.
Les freins au plein-emploi aujourd’hui
Une croissance trop faible
Le plein-emploi nécessite une croissance économique soutenue. Or la France et d’autres pays font face à un essoufflement de la croissance, à cause de l’inflation, des tensions géopolitiques ou du manque d’investissements dans certains secteurs clés.
Le paradoxe des emplois vacants
On compte aujourd’hui plus de 300 000 postes vacants en France. Pourtant, des millions de personnes sont au chômage. Ce décalage s’explique par :
- Une inadéquation entre offre et demande
- Des métiers non valorisés
- Des conditions de travail peu attractives
Des entreprises en difficulté
De nombreuses entreprises fragiles ne peuvent pas proposer des salaires compétitifs. C’est parfois le résultat de la crise Covid, qui a mis à mal leur rentabilité malgré les aides.
Les nouvelles pistes vers le plein-emploi
Investir dans la formation
Les entreprises ont besoin de profils formés. Développer des formations adaptées et accessibles est clé. Le CPF ou les centres de formation en alternance sont des outils utiles pour favoriser l’emploi durable.
Valoriser les métiers en tension
Améliorer les conditions de travail, les rémunérations et l’image de certains métiers est essentiel. Cela passe par une reconnaissance sociale mais aussi par des gestes concrets comme les primes, les perspectives d’évolution ou la conciliation vie perso / vie pro.
Agir sur la flexibilité
La flexibilité ne doit pas rimer avec précarité. Le développement du télétravail, les horaires aménagés ou les contrats mixtes (temps partiel / complément d’activité) sont des options de plus en plus envisagées pour adapter le marché du travail aux réalités sociales.
Créer un environnement économique favorable
Enfin, il faut un cadre macroéconomique stable : une inflation contrôlée, des investissements publics ciblés, une fiscalité attractive pour les entreprises… Tous ces éléments créent un climat propice à l’embauche.