Une jeunesse sans éclat mais déterminée
Né en 1974 à Évreux, Pierre-Édouard Stérin grandit dans une famille de classe moyenne. Il étudie au lycée Aristide-Briand avant d’intégrer La Sorbonne, puis emlyon business school. Il n’est pas un étudiant particulièrement brillant, mais se distingue par une volonté tenace et une capacité à rebondir après l’échec.
Dès l’adolescence, il s’intéresse aux marchés financiers et commence à acheter et revendre des actions. Parallèlement, il s’initie à l’univers des jeux vidéo et à l’importation de composants électroniques. Ces expériences marqueront durablement son orientation future.
Un entrepreneur né au parcours sinueux
En 1999, il lance Black Orange, une société de distribution de jeux vidéo. Le succès est immédiat, mais éphémère. L’éclatement de la bulle internet et une mésentente entre associés précipitent la chute de l’entreprise. À 28 ans, il retourne vivre chez ses parents. Pour autant, il ne renonce pas à créer.
En 2003, il s’associe avec un entrepreneur belge pour importer un concept de coffrets cadeaux d’expériences. C’est la naissance de Smartbox. L’idée décolle. En quelques années, l’entreprise atteint un volume d’affaires impressionnant. Elle devient un leader européen du secteur. Il conserve aujourd’hui environ 85 % du capital.
Otium Capital : la machine à investir
Avec les profits de Smartbox, il lance Otium Capital en 2009. Ce family office est aujourd’hui l’un des plus puissants de France. Il a accompagné des startups à succès comme TheFork, PayFit, ou Feed. En 2024, Otium gère plus de 1,6 milliard d’euros d’actifs.
Stérin structure ses investissements autour de deux axes : la recherche de rentabilité avec Otium, et l’engagement sociétal avec le Fonds du bien commun. La moitié des bénéfices de son fonds est dédiée à des causes qu’il juge nobles, souvent liées à ses convictions religieuses et conservatrices.
Des engagements très assumés
Pierre-Édouard Stérin revendique sa foi catholique pratiquante. Il s’oppose publiquement à l’IVG, la PMA ou encore le mariage pour tous. Il rêve d’être canonisé et se consacre à des œuvres chrétiennes à travers des associations comme SOS Calvaires ou Familya.
Il finance activement des structures comme l’Institut de formation politique ou l’Observatoire de l’immigration. Il a aussi été l’un des soutiens indirects de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Il cherche un « champion » pour porter ses idées, qu’il note méthodiquement sur Excel.
Le projet Périclès : un plan idéologique structuré
Le projet Périclès a été révélé en 2024. Il vise à favoriser l’union des droites et à faire triompher ses valeurs au sein de la société française. Le nom fait référence aux mots Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes.
Stérin promet d’y consacrer 150 millions d’euros sur dix ans. En 2024, 10 millions ont été investis. Des entités comme Contrepoints, Factuel ou encore Frontières ont déjà bénéficié de ces aides. Il s’agit d’un plan ambitieux, inspiré des méthodes conservatrices américaines.
Des controverses multiples
Installé en Belgique depuis 2012, il justifie son départ par une opposition à la fiscalité française. Cela crée un paradoxe pour celui qui dit vouloir « servir son pays ». Il affirme néanmoins redistribuer les économies réalisées à des œuvres françaises.
Il combat vigoureusement les journaux qui l’étiquettent d’extrême droite. Il a envoyé des courriers juridiques à plusieurs rédactions. Pourtant, les liens entre ses soutiens et les courants radicaux de droite sont bien documentés.
Une vision radicale du don
Pierre-Édouard Stérin a annoncé qu’il ne transmettra aucun héritage à ses cinq enfants. Son objectif est de tout redistribuer à des causes qui reflètent ses convictions. Il considère que la richesse est un outil d’action et non un privilège.
À travers le Fonds du bien commun, il entend promouvoir une société conservatrice, enracinée dans la tradition chrétienne. De nombreux événements, médias, écoles et formations bénéficient de ses financements.