Ce que fait un réalisateur aujourd’hui
Le ou la réalisateur·rice coordonne l’artistique et le technique. Il dirige les comédien·nes, collabore avec image/son/montage, tient le cap de la vision. Et pas seulement au cinéma : séries, pubs, clips, plateformes, formats web et réseaux, événementiel, documentaire. Le métier réclame autant de créativité que d’organisation, de la gestion d’équipe, des bases juridiques (droits, musique, contrats) et un vrai sens du rythme au montage.
Trois routes principales pour devenir réalisateur
La fac (licence & master)
La voie universitaire développe une solide culture ciné (histoire, analyse, esthétiques), des bases de recherche et de l’ouverture intellectuelle. Les cursus s’étoffent en pratique, surtout au niveau master (ateliers, projets tutorés, alternance selon les filières). C’est un cadre abordable financièrement, avec le temps d’écrire, lire, construire un regard… et de tourner avec des assos, des collectifs, des résidences locales.
Pour qui ? Les profils curieux, à l’aise avec l’écrit, qui veulent bâtir une vision d’auteur et/ou viser concours, docu, recherche-création.
Le BTS métiers de l’audiovisuel
En deux ans, tu entres dans le dur : image, son, montage/postprod, exploitation des équipements, gestion de production. C’est concret, rythmé, avec des semaines d’atelier et des stages. Idéal pour acquérir une vraie autonomie technique et comprendre un plateau.
Pour qui ? Les mains “dans le câble”, les profils qui aiment apprendre par la pratique, et celles/ceux qui envisagent l’alternance ensuite (licence pro, bachelor, écoles sur dossier).
Les écoles de cinéma
Publiques sélectives vs privées professionnalisantes
Les écoles publiques sélectives forment à des spécialités (réal, image, son, montage, prod) avec un niveau d’exigence élevé, beaucoup de tournages et un réseau pro solide. Les écoles privées, plus accessibles sur dossier/entretien, misent sur la pratique, des moyens techniques et l’insertion (stages, alternance, encadrement par des pros). Les frais varient beaucoup : compare les contenus, la place accordée aux films d’élèves, l’accès au matériel et les taux d’insertion (stages, premiers contrats).
“On ne devient pas cinéaste du jour au lendemain : multiplie les courts, les rencontres, les résidences, et construis ton réseau pas à pas.”
Quelle voie te correspond ?
Voie | Durée type | Points forts | Points de vigilance | Profils adaptés | Budget indicatif* |
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Fac (licence/master) | 3 à 5 ans | Culture ciné, esprit critique, options d’alternance en master, coût réduit | Pratique variable selon filières ; à compléter par projets perso | Auteurs, chercheur·ses, documentaristes, profils “vision + méthode” | Frais univ. modestes + matos perso/projets |
BTS audiovisuel | 2 ans | Technique solide, plateaux, stages, insertion rapide | Moins d’analyse/théorie ; spécialisation à choisir tôt | Techniques (image/son/montage), futurs assistants réal | Public : faible ; Privé : variable + matos |
Écoles publiques sélectives | 2 à 4 ans | Excellence, moyens, réseau, films d’école visibles | Concours exigeants ; faible capacité d’accueil | Profils très engagés et polyvalents | Frais modérés ; investissement fort en temps |
Écoles privées professionnalisantes | 3 à 5 ans | Beaucoup de pratique, encadrement pro, alternance | Coût ; qualité variable selon écoles ; bien comparer | Pragmatiques orientés “plateau et réseau” | Frais élevés, à amortir via alternance/stages |
*Fourchettes variables selon statut et ville. Pense bourses (Crous, régions), alternance, jobs studios.
Admissions : le calendrier et le dossier qui font la différence
Dès l’automne : repère les formations, lis les maquettes, note les prérequis et les dates clés. Hiver/printemps : concours, dossiers, oraux. Anticipe.
Portefeuille de preuves : courts (même ultra-courts), exercices de mise en scène, essais de montage, moodboards, notes d’intention. Mieux vaut bref et abouti que long et bancal.
Lettre et oral : clarifie ton projet (thèmes, formes, influences, contraintes que tu aimes affronter). Parle de ce que tu fais et de ce que tu veux apprendre.
Culture ciné vivante : pas une liste Wikipédia. Cite une scène, un plan, un choix de son ou de lumière, explique pourquoi et comment ça t’inspire techniquement.
Argent, alternance, bourses : le nerf de la guerre
Budget : au-delà des frais d’inscription, compte le matériel (disques, micro, objectifs d’occasion), les transports pour tournages, et un petit fond pour payer des comédien·nes ou louer un accessoire.
Alternance & stages : excellent levier pour financer et créer ton réseau. Renseigne-toi sur les rythmes (2j/3j, 1 semaine/1 semaine…), les conventions et l’éligibilité de la formation.
Aides : bourses Crous, aides régionales, fondations locales, résidences qui financent un projet, mécénat matériel auprès de lieux culturels. Demande, documente, relance.
Faire ses preuves pendant les études
Tu veux la meilleure voie ? C’est aussi ce que tu en fais. Quelques actions simples et efficaces :
- Tourne court et souvent : 1’ à 3’, contraintes claires, un enjeu visuel par film.
- Monte toi-même (au moins d’abord) : tu comprendras le rythme et ce qu’il faut sur le plateau.
- Son soigné : 50 % de l’émotion. Prends un perchman, teste en conditions réelles.
- Éclaire simple : une source, un rebond. Comprends d’abord la logique avant de complexifier.
- Lis et écris : nouvelles, BD, scènes dialoguées. L’écriture nourrit la mise en scène.
- Plateaux : va en régie, machinerie, assistanat. Tu apprendras le langage commun du plateau.
- Festivals & rencontres : Q&A, masterclass, speed dating producteurs. Allez-y avec un pitch clair.
- Collectif : rejoins un groupe d’élèves ou une asso d’images, mutualise le matériel.
- Droits : musique libre de droits, autorisations lieux, cessions d’image. Sois carré.
- Montre ton travail : Vimeo privé, lien protégé, dossier presse PDF (pitch, bio, fiches techniques, stills).
Premier job : comment mettre le pied dans la porte
Beaucoup commencent comme assistant·e réalis, 2nd/3rd assistant caméra, régie, repérages ou monteur·se junior. L’objectif : voir des méthodes, observer des mises en scène différentes, comprendre la production et se faire repérer sur sa fiabilité.
Sur les projets persos, vise les programmes courts (webséries, pubs locales, clips), les appels à projets de collectivités et les ateliers de résidences. C’est plus accessible, plus rapide à produire, et parfait pour montrer ta signature.
Check-list express pour choisir la bonne voie
- Objectif : auteur·rice, technique, docu, pub, clip, série ? Note-le noir sur blanc.
- Format : veux-tu plus de théorie (fac), de technique (BTS), ou de pratique encadrée (écoles) ?
- Films d’élèves : regarde-les. Qualité de l’image, du son, de la direction d’acteurs = meilleurs indicateurs.
- Réseau & stages : combien, avec qui, quel suivi ?
- Budget & ville : coût de la vie, aides possibles, accès aux plateaux et aux festivals.
- Calendrier : concours/dossiers notés dans ton agenda + rétroplanning portfolio.
Au final, il n’existe pas une “voie royale”, mais un itinéraire qui colle à ton profil et à tes contraintes. La bonne équation : une formation où tu tournes beaucoup, un environnement qui te pousse à rencontrer des pros, et une discipline perso pour écrire, tourner, monter toute l’année. C’est comme ça que tu deviens réalisateur.