Le monde du rugby français est secoué par une affaire qui a pris une ampleur inattendue depuis début juillet. Melvyn Jaminet, arrière du Rugby Club Toulonnais (RCT) et international du XV de France, a été lourdement sanctionné par la Fédération Française de Rugby (FFR) après des propos racistes diffusés sur les réseaux sociaux. La décision de la FFR, rendue ce vendredi, interdit à Jaminet de rejouer avant fin janvier 2025, soit une suspension de 34 semaines, en plus d’une amende de 30 000 euros. Cette sanction marque un tournant important dans la lutte contre le racisme dans le sport.
Les faits
Tout a commencé avec une vidéo publiée sur Instagram dans laquelle Melvyn Jaminet, visiblement sous l’effet de l’alcool, déclarait :
Le premier Arabe que je croise, je lui mets un coup de casque
Ces propos ont suscité une vague d’indignation immédiate. La FFR a réagi promptement en excluant Jaminet de la tournée estivale des Bleus en Argentine et en ouvrant une enquête disciplinaire.
Le 26 juillet, Jaminet et son avocat, Maître Carlo Alberto Brusa, ont présenté leur défense devant la commission de discipline de la FFR. Leur argument principal était que la vidéo avait été sortie de son contexte et qu’elle s’adressait à un ami dans le cadre d’une conversation privée. Cependant, les 26 attestations fournies par Jaminet n’ont pas suffi à convaincre la commission, qui a jugé que le joueur avait porté atteinte à l’intérêt supérieur du rugby.
La sanction
La FFR a rendu son verdict en soulignant la gravité des propos tenus par Jaminet. La commission a estimé que ces déclarations nuisaient à l’image du rugby et allaient à l’encontre des valeurs d’inclusivité du sport. La sanction de 34 semaines pourra être réduite à 26 semaines si Jaminet s’engage à réaliser plusieurs actions d’intérêt général au bénéfice de la FFR. Ces actions comprennent six interventions de prévention sur les dangers de l’alcool et des réseaux sociaux, et six actions de promotion des valeurs du sport et de lutte contre les discriminations.
En plus de la suspension, Jaminet devra payer une amende de 30 000 euros. Cette double sanction reflète la volonté de la FFR de prendre des mesures sévères contre tout comportement raciste, et de sensibiliser à la fois les joueurs et le public aux conséquences de tels actes.
Les réactions et conséquences
Le RCT, le club de Jaminet, a également réagi à cette affaire. Lors d’une réunion tenue le mardi précédant la décision de la FFR, le club a exprimé sa condamnation des propos de Jaminet tout en laissant une porte ouverte à sa rédemption. Le RCT a déclaré qu’il ferait une distinction entre le joueur et l’homme, et qu’il était prêt à l’accompagner dans un processus de réhabilitation. Le club devrait annoncer ses propres sanctions dans les prochains jours.
Le président de la FFR, Florian Grill, a tenu des propos fermes dès le lendemain de la diffusion de la vidéo. Il a souligné la politique de tolérance zéro de la fédération en matière de racisme et a évoqué la possibilité de sanctions encore plus sévères à l’avenir. Grill a réaffirmé l’engagement du rugby à être un sport inclusif et accueillant pour tous, et a encouragé les dirigeants et les officiels à signaler tout comportement raciste.
Cette affaire rappelle celle de Ludovic Radosavljevic en 2022. Le joueur de Provence Rugby avait également été suspendu 26 semaines pour des propos racistes tenus envers un adversaire. La commission de la FFR a cette fois-ci ajouté des actions d’intérêt général à la sanction, marquant une progression dans l’approche disciplinaire.
La suspension de Melvyn Jaminet jusqu’à fin janvier 2025 signifie qu’il manquera une grande partie de la saison prochaine avec le RCT ainsi que les échéances internationales avec le XV de France. Cette affaire a jeté une ombre sur la carrière d’un joueur prometteur et a mis en lumière les enjeux du racisme dans le sport. Elle servira sans doute de cas d’école pour les futures instances disciplinaires et de signal d’alarme pour tous les athlètes quant aux conséquences de leurs paroles et actions.
L’affaire Jaminet est un rappel brutal que le sport, malgré ses valeurs d’unité et de respect, n’est pas à l’abri des dérives racistes. La réponse de la FFR montre une volonté claire de ne pas tolérer de tels comportements et de promouvoir des valeurs de respect et d’inclusivité, essentielles à la cohésion de toute équipe sportive.