La variole du singe, l’OMS en alerte

La variole du singe, ou mpox, suscite actuellement une inquiétude mondiale en raison de l’apparition d’une nouvelle souche, le clade 1b, en République démocratique du Congo (RDC). Cette souche, identifiée pour la première fois en septembre 2023, présente des caractéristiques particulièrement préoccupantes : elle est non seulement plus transmissible que ses prédécesseurs, mais aussi plus mortelle, avec un taux de létalité pouvant atteindre 5 % chez les adultes et 10 % chez les enfants. Face à cette situation alarmante, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) envisage de déclarer une urgence de santé publique de portée internationale.
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La variole du singe n’est pas une maladie nouvelle ; elle est connue en Afrique depuis près de cinq décennies, principalement dans la région centrale du continent. Cependant, au cours des vingt dernières années, elle s’est propagée à l’Afrique de l’Ouest et, plus récemment, des cas importés ont été signalés en Europe et ailleurs. La maladie se manifeste par une gamme de symptômes, notamment la fièvre, des douleurs musculaires, des ganglions lymphatiques enflés, et des éruptions cutanées qui commencent souvent sur le visage avant de se répandre sur le corps. Ces éruptions évoluent en cloques puis en pustules, et bien qu’il n’existe pas de traitement spécifique pour cette infection, les symptômes disparaissent généralement en une dizaine de jours.

La propagation rapide de cette nouvelle souche a poussé l’OMS à organiser une réunion d’urgence pour évaluer l’ampleur de la menace. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a souligné la nécessité de mobiliser un comité d’experts pour déterminer si cette épidémie constitue une menace mondiale nécessitant une réponse internationale coordonnée.

Le Comité me fera part de son avis sur la question de savoir si l’épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale […] il me conseillera sur les recommandations temporaires visant à mieux prévenir et réduire la propagation de la maladie et à gérer la réponse de santé publique mondiale.

Ce type de déclaration permettrait d’activer des ressources financières et logistiques pour contenir l’épidémie et soutenir les efforts de prévention.

À ce jour, la nouvelle souche de la variole du singe a été détectée dans au moins 16 pays africains, avec un total de 14 479 cas confirmés ou suspectés et 455 décès. Le virus se propage principalement par contact direct avec les lésions cutanées infectées, mais des cas de transmission non sexuelle ont été rapportés, notamment dans des environnements communautaires tels que les écoles. Cette nouvelle dynamique de transmission pose un défi supplémentaire aux autorités sanitaires, qui doivent intensifier leurs efforts de sensibilisation et de prévention.

La situation est particulièrement critique dans les régions densément peuplées de la RDC, comme les camps de déplacés autour de Goma. Ces zones connaissent une grande mobilité de population, augmentant ainsi le risque de propagation du virus. Goma, avec son aéroport international, représente une porte d’entrée potentielle pour la diffusion du virus au-delà des frontières africaines.

La réponse à cette crise passe par plusieurs mesures clés. Premièrement, la vaccination est envisagée comme un outil crucial pour contrôler l’épidémie. Deux vaccins spécifiques sont recommandés, mais leur disponibilité est limitée. L’OMS a invité les fabricants de vaccins contre la variole à soumettre leurs produits pour une évaluation d’urgence afin d’accélérer leur distribution. Deuxièmement, l’utilisation d’antiviraux, comme le Tecovirimat, pourrait aider à réduire la gravité des symptômes et à prévenir la transmission. Enfin, l’éducation et la sensibilisation sont essentielles pour encourager des comportements qui limitent la propagation du virus, comme le respect des mesures d’hygiène et l’évitement des contacts étroits avec des personnes infectées.

Pour financer ces efforts, l’OMS a élaboré un plan d’action régional nécessitant 15 millions de dollars pour renforcer la surveillance, la préparation et l’intervention face à la maladie. Les États-Unis ont déjà promis 10 millions de dollars d’aide à la RDC pour soutenir ces initiatives. Maria Van Kerkhove, responsable de la préparation aux épidémies et pandémies à l’OMS, a insisté sur l’urgence d’une réponse coordonnée et financée adéquatement pour endiguer la propagation du clade 1b.

Bien que la variole du singe ait été historiquement confinée à certaines régions d’Afrique, la nouvelle souche clade 1b présente un risque d’expansion mondiale qui ne peut être ignoré. La communauté internationale doit agir rapidement pour soutenir les efforts de l’OMS et des pays touchés afin de prévenir une crise sanitaire de grande envergure. L’expérience récente de la pandémie de COVID-19 a montré l’importance de la coopération mondiale dans la gestion des menaces sanitaires, et la situation actuelle exige une vigilance et une réactivité similaires pour éviter que la variole du singe ne devienne une crise sanitaire internationale.

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