Vendredi soir, lors de la première journée de la Ligue 1, le match opposant Le Havre au PSG a attiré une attention particulière, mais pas uniquement via les canaux traditionnels. Alors que DAZN, le nouveau diffuseur officiel de la Ligue 1 en France, proposait ce match en exclusivité, plus de 200 000 personnes ont choisi de le suivre de manière illégale via Telegram, une messagerie cryptée devenue un refuge pour les amateurs de streaming illégal.
La frustration face aux coûts élevés
Le prix de l’abonnement à DAZN, fixé à 29,99 euros par mois avec un engagement d’un an, ou 39,99 euros par mois sans engagement, a suscité une vive réaction parmi les fans de football. Beaucoup estiment que ces tarifs sont prohibitifs, en particulier dans un contexte économique difficile où le pouvoir d’achat des ménages est déjà fortement éprouvé. Pour les passionnés de football, payer un tel prix pour suivre leur sport favori est devenu un luxe qu’ils ne peuvent plus se permettre.
La situation a été exacerbée par le départ de stars du championnat français, comme Kylian Mbappé, vers d’autres ligues plus attractives. Cette perte de talents a contribué à une perception que la Ligue 1 offre désormais un spectacle de moindre qualité, rendant les coûts d’abonnement encore plus difficiles à justifier. Face à ce constat, de nombreux fans ont exprimé leur frustration en se tournant vers des solutions alternatives pour suivre les matchs, notamment les flux illégaux sur Telegram.
Telegram : un refuge pour le streaming illégal
Telegram, une application de messagerie cryptée lancée en 2014, s’est progressivement transformée en un bastion pour le streaming illégal. Contrairement à d’autres plateformes de streaming, Telegram offre un anonymat relatif et une interface facile à utiliser, permettant à des milliers d’utilisateurs de partager et de regarder du contenu en direct, sans craindre des interruptions soudaines.
Pour le match Le Havre-PSG, plusieurs chaînes Telegram ont diffusé la rencontre en temps réel, attirant un nombre impressionnant de spectateurs. Avant même le coup d’envoi, certaines de ces chaînes comptaient déjà plus de 45 000 viewers. Le nombre de téléspectateurs n’a cessé d’augmenter au fur et à mesure que le match progressait, atteignant un pic de près de 200 000 spectateurs cumulés. Cela démontre non seulement l’ampleur du problème de piratage, mais aussi la popularité de Telegram comme alternative aux plateformes payantes.
Une réaction mitigée des autorités
La Ligue de Football Professionnel (LFP) et les prestataires antipiratage, comme Athletia, ont rapidement réagi en signalant les diffusions illégales sur Telegram. Cependant, la réponse de la plateforme a été lente et inefficace. Les délais de réaction pour retirer les contenus illicites ont parfois atteint 24 heures, ce qui est largement insuffisant pour des diffusions en direct. Cette lenteur dans la modération des contenus sur Telegram permet à des milliers de spectateurs de continuer à profiter de ces retransmissions illégales sans interruption.
La situation met en lumière les défis que posent les nouvelles technologies et la difficulté pour les ayants droit de protéger leur contenu. Malgré les efforts des autorités et des sociétés de protection des droits, le streaming illégal reste une épine dans le pied des diffuseurs officiels, qui voient leurs revenus potentiels sérieusement menacés.
Le boycott de DAZN prend de l’ampleur
Le mouvement de boycott de DAZN, initié sur les réseaux sociaux, semble avoir trouvé un écho considérable parmi les fans de football. Les hashtags #BoycottDAZN et #DAZN ont rapidement dominé les tendances sur X (anciennement Twitter), illustrant le mécontentement généralisé des consommateurs face aux tarifs élevés imposés par la plateforme. Pour de nombreux amateurs de football, recourir au streaming illégal n’est pas seulement une question d’économie, mais aussi un acte de protestation contre ce qu’ils perçoivent comme une exploitation commerciale excessive de leur passion.
Ce boycott pourrait avoir des répercussions significatives pour DAZN, qui vise à atteindre 1,5 million d’abonnés en France. Si une proportion significative de fans continue à se détourner des abonnements légaux en faveur de solutions alternatives, la viabilité financière du modèle de diffusion de DAZN pourrait être mise en péril. D’autant plus que la concurrence, notamment via des chaînes YouTube ou des flux étrangers accessibles via VPN, offre des alternatives de plus en plus attrayantes pour les téléspectateurs.
Le succès des retransmissions illégales via Telegram lors du match Le Havre-PSG est un signe clair que les diffuseurs officiels doivent repenser leur stratégie de prix et d’accès. Les fans de football, particulièrement en période de difficultés économiques, recherchent des moyens abordables pour suivre leur sport favori, et lorsque ces options ne sont pas disponibles, ils se tournent vers des alternatives, même illégales.