Situé dans l’oasis de Kashgar, au cœur de la région autonome ouïghoure du Xinjiang en Chine, le cimetière de Kashgar est bien plus qu’un simple lieu de sépulture. Ce site historique, enveloppé d’une aura de mysticisme et de tradition, reflète des siècles de culture et d’histoire ouïghoure, tout en offrant un aperçu fascinant sur la manière dont les vivants honorent les morts dans cette partie du monde.
Un reflet de la culture Ouïghoure
Kashgar, ancienne étape de la Route de la Soie, est un carrefour où se sont croisés pendant des siècles diverses cultures et civilisations. Le cimetière de Kashgar témoigne de cette riche diversité culturelle. Il abrite principalement des sépultures musulmanes, reflétant la forte présence de la communauté ouïghoure musulmane dans la région. Les tombes, souvent ornées de tuiles vertes ou bleues, sont décorées de motifs géométriques et d’inscriptions en arabe, marquant l’influence profonde de l’islam sur la culture locale.
Les cimetières de cette région se distinguent par leur organisation et leur symbolisme. Les sépultures sont généralement orientées vers La Mecque, respectant les préceptes islamiques. Chaque tombe est soigneusement entretenue, souvent entourée de murs en terre cuite ou en briques, symbolisant la protection et la tranquillité de l’âme défunte.
Un lieu de recueillement et de pèlerinage
Le cimetière de Kashgar n’est pas seulement un lieu de repos pour les défunts, mais aussi un lieu de recueillement pour les vivants. Les familles viennent régulièrement entretenir les tombes, déposer des fleurs, et prier pour leurs proches disparus. Le respect des traditions funéraires est une partie intégrante de la vie communautaire à Kashgar, chaque visite au cimetière étant empreinte de piété et de respect pour les ancêtres.
Certains tombeaux, ceux des saints locaux ou des figures religieuses respectées, deviennent des lieux de pèlerinage. Les croyants viennent de loin pour prier, demander des bénédictions ou simplement méditer. Ces pratiques renforcent les liens entre les générations et perpétuent un sentiment de continuité culturelle et spirituelle.
Un patrimoine en péril
Malheureusement, comme beaucoup d’autres aspects de la culture ouïghoure, le cimetière de Kashgar fait face à des menaces. Les politiques de modernisation et d’urbanisation rapide menées par les autorités chinoises dans la région du Xinjiang ont conduit à la destruction de nombreuses structures historiques, y compris des cimetières traditionnels. Les efforts pour préserver ces sites sont souvent entravés par des considérations politiques et économiques, mettant en péril la sauvegarde d’un patrimoine culturel unique.
Des rapports font état de démolitions de cimetières, dans le cadre de projets visant à « moderniser » la région. Ces actes suscitent une profonde inquiétude parmi la communauté ouïghoure et les défenseurs du patrimoine culturel, qui voient dans ces destructions une érosion de leur identité et de leur histoire collective.
⚡️ Sans un bruit, la Chine détruit des tombes musulmanes ouïghoures du cimetière de Kashgar datant du 17ème siècle. pic.twitter.com/IvdaokRnTZ
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) September 3, 2024