Alexandre Portier, député Les Républicains (LR) du Rhône, a été nommé ministre délégué à la réussite scolaire et à l’enseignement professionnel, une nouvelle fonction sous l’autorité de la ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet. Ce choix marque un tournant significatif dans la politique éducative du gouvernement, avec un accent mis sur la réhabilitation de la voie professionnelle et l’amélioration des résultats scolaires en France.
Un engagement de longue date pour l’éducation
Âgé de 34 ans, Alexandre Portier n’est pas étranger aux questions éducatives. Depuis son élection en 2022, il a montré un intérêt marqué pour les défis que rencontre l’éducation, notamment à travers sa proposition de loi visant à améliorer la formation des enseignants. En plus de ses fonctions parlementaires, il siège au Conseil supérieur des programmes, où il participe à l’élaboration des curricula scolaires. Ce bagage fait de lui un acteur clé dans la refonte des politiques éducatives.
Portier s’est également fait connaître pour son opposition aux réformes de l’ancien ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, qu’il critiquait vivement. Dans une tribune publiée en 2023, il a dénoncé l’emploi du terme « ségrégation scolaire » par Ndiaye, qu’il considérait comme une « exagération idéologique » et une vision marquée par le wokisme. Selon lui, la séparation sociale dans les écoles est d’abord le résultat de la répartition résidentielle des familles, et non d’une ségrégation volontaire orchestrée par l’État.
Défenseur de l’enseignement privé
Portier est également un fervent défenseur de l’enseignement privé. En mai 2024, il a co-signé une tribune avec François-Xavier Bellamy, eurodéputé LR, où il déplorait les attaques contre les établissements privés sous contrat. Il y affirmait que l’enseignement privé joue un rôle essentiel dans la mission d’ascension sociale et de mixité, un enjeu fondamental pour le système éducatif français. Ce positionnement a suscité de vifs débats, notamment lors des polémiques liées au financement public des établissements privés.
Son parcours personnel reflète également son attachement à cet enseignement. Ancien élève de l’Institut catholique de Paris, où il a obtenu une licence de philosophie, Portier a souvent mis en avant la rigueur et les valeurs transmises par l’enseignement privé, qu’il considère comme des modèles de réussite. Ce point de vue a souvent fait l’objet de critiques, certains estimant que cela favorisait une approche élitiste de l’éducation.
Une nomination stratégique
La nomination d’Alexandre Portier à la réussite scolaire et à l’enseignement professionnel n’est pas anodine. Proche de Laurent Wauquiez, il représente une ligne politique marquée à droite, axée sur la défense de l’excellence scolaire et la lutte contre ce qu’il perçoit comme un abaissement des standards éducatifs. Cette vision est en phase avec celle de Gabriel Attal, actuel ministre de l’Éducation nationale, qui souhaite recentrer l’école sur les savoirs fondamentaux.
Portier s’est montré critique à l’égard de la baisse du niveau des élèves, qu’il attribue à un affaiblissement de la qualité de l’enseignement. Il a ainsi plaidé pour une réforme du brevet des collèges, qu’il considère comme trop coûteux et inefficace dans sa forme actuelle. Selon lui, ce diplôme doit avoir une véritable utilité et pourrait même devenir une condition pour le passage au lycée.
Un focus sur l’enseignement professionnel
L’une des priorités de Portier sera de rendre l’enseignement professionnel plus attractif. Dans plusieurs interventions publiques, il a souligné l’importance de valoriser cette voie, souvent perçue comme une voie de relégation pour les élèves issus de milieux défavorisés. Avec environ 70% des élèves de lycée professionnel provenant de familles ouvrières, inactives ou employées, cette réalité sociale est un défi de taille pour l’éducation nationale.
Portier a affirmé vouloir revaloriser les filières professionnelles, afin qu’elles ne soient plus vues comme des choix par défaut, mais comme de véritables tremplins vers l’emploi. Il est également favorable à des partenariats avec les entreprises, afin de garantir aux étudiants des opportunités d’insertion professionnelle à la fin de leurs études. Cette approche pragmatique pourrait redonner à la voie professionnelle le prestige qu’elle mérite, tout en répondant aux besoins du marché du travail.
Aux côtés d’Anne Genetet, Alexandre Portier forme un duo atypique mais complémentaire. Alors que Genetet, de sensibilité centriste, incarne une continuité des réformes entamées sous les présidences Macron, Portier apporte une vision plus conservatrice, axée sur la méritocratie et le retour aux fondamentaux. Leur collaboration pourrait marquer un nouvel élan dans la politique éducative, notamment en ce qui concerne la formation des enseignants, la lutte contre l’échec scolaire et la redéfinition du rôle de l’école dans la société française.
