Marco Mouly, connu pour son implication dans la gigantesque arnaque à la TVA sur le marché du carbone, s’est retrouvé à nouveau devant la justice. Mercredi, après plus de 13 heures d’audience devant la 11ᵉ chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, le parquet a requis quatre ans de prison ainsi que l’interdiction définitive de gérer une société. Le tribunal a décidé de mettre en délibéré son verdict, qui sera rendu le 12 novembre prochain.
L’affaire de la taxe carbone : une fraude massive
Marco Mouly, 59 ans, est l’un des principaux acteurs de l’arnaque à la taxe carbone, une escroquerie de grande ampleur qui a coûté près de 1,6 milliard d’euros à l’État français et environ 5 milliards à l’échelle européenne. L’affaire, largement médiatisée, avait conduit en 2017 à sa condamnation à huit ans de prison et une amende solidaire de plus de 283 millions d’euros avec ses co-prévenus.
Depuis la sortie du documentaire Netflix, intitulé Les Rois de l’arnaque, Mouly a vu sa notoriété exploser, mais ses ennuis judiciaires ne se sont pas arrêtés là. Jugé pour avoir organisé son insolvabilité, il est accusé d’avoir dissimulé des revenus et d’avoir minoré ses droits d’auteur pour éviter de payer ses dettes.
Une « recherche d’appauvrissement » organisée
Le parquet a mis en avant la stratégie de dissimulation déployée par Marco Mouly pour se soustraire à ses obligations financières. Lors de son réquisitoire, l’accusation a souligné la recherche volontaire d’appauvrissement par le prévenu, visant à éviter le paiement des sommes dues à l’État. Mouly aurait ainsi fait en sorte que ses revenus soient perçus par sa fille, Cindy Guez, influenceuse, notamment en ce qui concerne les droits d’auteur de son livre La cavale : la course folle du Roi de l’arnaque.
Le tribunal a également évoqué une société écran, la SAS I Trade, créée par Mouly, mais sans véritable activité économique. Cette société lui aurait permis de masquer des biens et des fonds, compliquant ainsi toute tentative de recouvrement par la justice.
Une défense qui plaide la relaxe
Face aux accusations, la défense de Marco Mouly a demandé la relaxe sur l’ensemble des chefs d’accusation. Le prévenu, surnommé « Marco l’élégant », était initialement jugé en juin pour organisation frauduleuse d’insolvabilité et abus de biens sociaux, mais l’affaire avait été renvoyée à plusieurs reprises.
La stratégie de la défense repose sur l’idée que les démarches financières de Mouly ne relevaient pas d’une volonté de fraude, mais plutôt de mauvaise gestion. Pourtant, les enquêteurs ont mis en lumière plusieurs éléments, notamment des fausses fiches de paie et l’utilisation abusive de la carte bancaire de la société pour des dépenses personnelles, dont l’achat de vêtements de luxe.
Un passé judiciaire lourd
L’histoire de Marco Mouly est marquée par de nombreuses condamnations. Né à Tunis et ayant grandi à Belleville, il est entré très tôt dans le monde de la fraude et de l’escroquerie. Dès les années 90, il était déjà impliqué dans des affaires de vol et d’abus de biens sociaux. Mais c’est à partir du début des années 2000 que son implication dans la fraude à la TVA sur les quotas de carbone a pris une tournure plus importante, menant à des gains colossaux, mais aussi à son arrestation.
Avec la diffusion du documentaire Les Rois de l’arnaque, Mouly est devenu une figure publique controversée. Charismatique et hâbleur, il n’a jamais hésité à jouer de son image, notamment sur les réseaux sociaux, où il se présente souvent dans un style flamboyant. Toutefois, cette médiatisation a aussi contribué à attirer l’attention des autorités judiciaires sur ses actions et ses comptes.
En parallèle, Marco Mouly est également soupçonné d’avoir utilisé des stratégies de blanchiment d’argent. Il aurait ainsi dissimulé des millions d’euros dans des sociétés fictives ou par le biais de transactions opaques. Bien que certains de ces faits soient liés à son passé judiciaire, ils continuent de nourrir le dossier autour de son personnage.
Verdict attendu pour le 12 novembre
L’audience de mercredi a mis en lumière un Marco Mouly oscillant entre insouciance et tentatives désespérées pour échapper à ses dettes. Le tribunal a décidé de mettre en délibéré son jugement jusqu’au 12 novembre. D’ici là, Mouly, actuellement incarcéré après la révocation partielle de son sursis en 2019, continuera à purger sa peine.
Marco l’élégant se retrouvera-t-il une nouvelle fois derrière les barreaux pour une période prolongée ? La justice semble vouloir le rattraper, malgré ses nombreux efforts pour se soustraire à ses obligations. Les prochains mois nous diront si l’un des plus grands escrocs de France parviendra à échapper une nouvelle fois à la sanction.