Cécilia, mère célibataire et professeure de français, vit un véritable cauchemar depuis que des trafiquants de drogue ont pris possession du sous-sol de son immeuble, situé dans le quartier Belle-de-Mai à Marseille. Malgré le crédit qu’elle continue de payer pour son appartement, elle a été contrainte de fuir avec sa fille de cinq ans et de trouver refuge dans un autre logement, dans le 6e arrondissement de la ville. Depuis, son quotidien est rythmé par des pressions financières et psychologiques intenses.
Une propriétaire sous pression
Tout semblait bien se passer lorsque Cécilia a emménagé en 2021 dans son nouvel appartement de la rue des Pieds, dans le 3e arrondissement de Marseille. En tant que propriétaire, elle avait entrepris des travaux de rénovation pour sécuriser un plafond menaçant de s’effondrer. Cependant, au même moment, un trafic de drogue s’installait dans le sous-sol de son immeuble, bouleversant la tranquillité de vie des résidents.
Le climat de terreur s’est rapidement installé. Une voisine a été séquestrée à son domicile, accusée d’avoir dénoncé un des trafiquants. Face à cette escalade de violence, Cécilia a tenté de discuter calmement avec les dealers, espérant qu’ils pourraient continuer leur activité sans perturber les habitants. Mais cette démarche a eu l’effet inverse : elle a reçu des menaces, et des tags menaçants ont été peints sur la porte de son appartement et celle de sa voisine.
Craignant pour la sécurité de sa fille, Cécilia a pris la décision de quitter son logement, sur les conseils d’un centre d’aide aux femmes. Depuis, elle paie toujours 300 euros par mois pour le crédit de cet appartement qu’elle ne peut plus occuper, tout en déboursant 700 euros pour louer un nouveau logement. Cette situation financière devient de plus en plus insoutenable pour la jeune quadragénaire, qui peine à faire face à cette double charge.
Quelques mois après son départ forcé, Cécilia a tenté de revenir dans son appartement pour vérifier son état. Cette tentative s’est soldée par un coup de poing violent à la mâchoire, donné par un des trafiquants, lui déchaussant plusieurs dents. Depuis, son appartement a été squatté à deux reprises, rendant tout retour impossible. Elle a décidé de laisser un ami dans une situation précaire y vivre gratuitement, mais celui-ci a dû installer un deuxième verrou pour se protéger des trafiquants qui continuent de rôder.
Au-delà de sa propre histoire, Cécilia est engagée dans la défense des droits des mères isolées, notamment en tant que coprésidente du Mouvement des mères isolées à Marseille. Elle dénonce la vulnérabilité de ces femmes, souvent ciblées par les dealers en raison de leur situation. « Les mères isolées sont des cibles faciles, car elles sont perçues comme fragiles et sans défense. Les trafiquants ne s’en prennent pas aux femmes accompagnées de leurs maris ou compagnons, » explique-t-elle avec amertume.
Cécilia a déposé plainte pour introduction dans un local à usage d’habitation, avec menaces et occupation frauduleuse. Cependant, les démarches pour récupérer son appartement sont complexes et coûteuses. N’ayant pas les moyens d’engager des frais d’huissier, et refusant de retourner vivre dans un immeuble où le trafic de drogue prospère, elle est pour l’instant condamnée à rester éloignée de son bien.