La diffusion de l’épisode spécial de l’émission « Complément d’enquête » consacré à Gérard Depardieu, intitulé La chute de l’ogre, a créé une onde de choc en décembre 2023. Une scène spécifique, montrant l’acteur dans un haras, a particulièrement scandalisé le public. Toutefois, selon une récente enquête du JDD, révélée le 16 octobre 2024, cette séquence controversée serait un montage truqué.
Une séquence qui n’aurait jamais existé
L’enquête du JDD révèle que la séquence incriminée, où Gérard Depardieu aurait tenu des propos obscènes à l’égard d’une petite fille lors d’une balade à cheval, n’a jamais eu lieu. Le JDD, après avoir consulté les procès-verbaux des protagonistes, affirme que :
La preuve de la manipulation est désormais irréfutable.
Selon le témoignage d’Emmanuel Baert, le monteur de l’émission, la caméra n’était pas braquée sur Gérard Depardieu au moment des faits présumés.
Cette déclaration sous serment, faite le 12 janvier 2024, contredit la version initiale des producteurs du reportage. Baert a également confirmé que les rushs de cette scène, qui ont fait couler beaucoup d’encre, sont introuvables. Damien Fleurette, le réalisateur, a de son côté affirmé que ces images :
N’existent tout simplement pas
Cette absence de preuves tangibles renforce l’hypothèse selon laquelle la scène a été modifiée ou même fabriquée de toutes pièces.
Des témoignages contradictoires
Les témoignages des personnes impliquées dans la production du reportage présentent des contradictions notables. Anthony Dufour, fondateur de la société de production Hikari Productions, a déclaré n’avoir visionné que « de petits morceaux » du film tourné en Corée du Nord en 2018. Il assure toutefois que les éléments marquants ont été diffusés dans le reportage.
Cependant, sa version concernant la fameuse scène du haras diffère : il prétend que Depardieu s’est adressé à une petite fille de manière obscène, et que celle-ci aurait réagi en se retournant. Cette affirmation soulève des doutes quant à la compréhension de la scène par la fillette, une Coréenne de 10 ans, alors que Gérard Depardieu s’exprimait en français. Une incohérence qui pousse le JDD à conclure à une manipulation des faits.
L’affaire des rushs disparus
Le mystère des rushs disparus demeure l’un des points les plus troublants de cette affaire. La rédaction du JDD avait réclamé ces enregistrements afin de vérifier la véracité des scènes diffusées. En tout, environ vingt heures d’images seraient concernées, mais ces enregistrements n’ont jamais été produits.
Le 30 mai 2024, un tribunal a ordonné à Hikari Productions de communiquer ces rushs, écartant l’argument du « secret des sources » initialement avancé par France Télévisions. Cependant, malgré cette décision, les images restent introuvables, ce qui alimente encore davantage la suspicion de falsification des séquences diffusées.
La réponse de Gérard Depardieu et des soutiens
Dès la diffusion du reportage, Gérard Depardieu et ses proches avaient exprimé leur désarroi face à ce qu’ils considéraient comme une manipulation. Julie Depardieu, fille de l’acteur, avait dénoncé un montage trompeur, composé de « plans de coupe nécessairement suspects », dans une tribune publiée au JDD.
L’écrivain Yann Moix, qui avait lui aussi participé au tournage en Corée du Nord en 2018, avait publiquement accusé l’émission d’avoir réalisé un découpage frauduleux des images. Selon lui, la version finale du reportage ne correspondait pas à la réalité des événements sur place.
La polémique atteint les plus hautes sphères
L’affaire a même pris une dimension politique lorsque le président Emmanuel Macron s’est exprimé à ce sujet dans l’émission C à vous sur France 2. Il a déclaré qu’il se méfiait du « contexte » et avait entendu dire qu’il y avait un décalage entre les mots prononcés par Gérard Depardieu et les images diffusées. Cette intervention au plus haut sommet de l’État n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu, incitant les journalistes du JDD à approfondir leur enquête.
Silence de France Télévisions
Depuis le début de cette affaire, France Télévisions est restée silencieuse, malgré les nombreuses accusations et les témoignages troublants recueillis par le JDD. Bien que la chaîne publique ait initialement produit un rapport d’huissier pour se défendre contre les accusations de montage frauduleux, ces révélations récentes mettent en lumière des dysfonctionnements majeurs dans la production du reportage.
Le manque de transparence autour des rushs et les contradictions des différents acteurs impliqués ont jeté une ombre sur la crédibilité de l’émission Complément d’enquête. Alors que la polémique ne cesse de grandir, il reste à voir comment France Télévisions va réagir face à ces révélations accablantes.
Cette affaire, qui mêle manipulation médiatique et scandale public, montre à quel point la vérification des sources et l’authenticité des contenus sont des enjeux cruciaux dans le paysage médiatique actuel.
