Un prédateur déguisé en marabout
L’histoire commence en 2021, lorsqu’une femme porte plainte contre cet homme qui se présentait comme un marabout de la fertilité. Elle explique avoir été abusée par cet individu alors qu’elle cherchait de l’aide pour concevoir un enfant. Sur les conseils de proches, elle a consulté cet homme, espérant résoudre ses problèmes de fertilité. Le prétendu marabout lui a affirmé que le mal provenait de son ventre et que la guérison nécessitait un rituel intime. Sous l’emprise de sa manipulation, il a procédé à des attouchements sexuels sous prétexte de soins spirituels. Terrorisée par les menaces de mort qu’il a proférées à l’encontre de ses proches, la victime a fini par porter plainte.
Lors de la perquisition menée par les enquêteurs, un carnet a été découvert, contenant une longue liste de contacts féminins, dont plusieurs autres victimes potentielles. Parmi elles, seule une poignée a également osé se manifester et porter plainte.
Un manipulateur en série
Originaire du nord de la France, cet ancien maçon avait élu domicile dans le Finistère depuis 2008. Il se faisait passer pour un grand marabout, autoproclamé en mission par l’archange Gabriel, pratiquant la magie noire et utilisant diverses méthodes pour établir son emprise sur ses victimes. Son stratagème consistait à choisir des femmes en situation de vulnérabilité : malades, en rémission, stériles ou ayant des problèmes de couple. En gagnant leur confiance, il leur faisait croire qu’ils avaient un lien mystique et qu’il était le seul à pouvoir les aider.
Sous couvert de spiritualité, il manipulait et terrorisait ses victimes, usant de menaces de sortilèges et de punitions mystiques. Il passait ensuite à des actes de viols ou d’attouchements sexuels, toujours sans violence physique, mais en profitant de l’état de choc psychologique dans lequel il les plongeait.
Une vie privée marquée par les abus
Outre ses nombreuses victimes, ce marabout se révèle être un prédateur sexuel au sein même de sa vie privée. Marié cinq fois, il imposait à ses épouses des pratiques humiliantes, les obligeant à porter des jupes sans sous-vêtements afin de se « purifier » avec l’encens qu’il répandait dans les pièces. Ces épouses, comme ses autres victimes, étaient soumises à son emprise et vivaient dans la crainte permanente de représailles mystiques. Profitant de leur isolement, il les abusait à répétition, tout en les convainquant qu’elles étaient des « êtres de lumière » avec un lien spécial avec lui.
Chacune de ces femmes avait un point commun : elles possédaient des maisons dans lesquelles il s’installait, tirant ainsi profit de leur situation. Ces mariages lui permettaient non seulement de contrôler leur vie quotidienne, mais aussi de continuer à perpétuer son cycle de conquêtes et d’abus.
L’étendue de ses crimes
Pendant l’enquête, d’autres témoignages sont apparus. Certaines victimes n’ont pas osé porter plainte, par peur ou par honte, préférant tenter d’oublier ce qu’elles avaient vécu. D’autres, sous le choc des menaces et des sortilèges qu’il prétendait être capable de jeter, ont choisi de garder le silence, ne voulant pas risquer des représailles, même à distance.
Ce marabout ne faisait jamais payer ses consultations, un détail qui participait à gagner la confiance de ses victimes. Mais la contrepartie de ces séances était toujours la même : des abus sexuels déguisés en rituels de guérison.
Une condamnation à 17 ans de prison
Lors du procès qui s’est tenu en octobre 2024 à Quimper, l’homme a été jugé pour ses nombreux crimes. Il a été condamné à 17 ans de réclusion criminelle, une peine plus lourde que les réquisitions du procureur. L’affaire a mis en lumière les méthodes de manipulation qu’il utilisait pour soumettre ses victimes, jouant sur leurs vulnérabilités et leurs espoirs de guérison.
Ce verdict a été accueilli avec soulagement par les quelques victimes qui avaient trouvé la force de témoigner, ainsi que par les associations de défense des droits des femmes, qui ont souligné l’importance de briser le silence autour de ce type d’abus.
Un système bien rodé
Le marabout avait mis en place un système bien rodé, basé sur la manipulation psychologique et la terreur. Chaque nouvelle victime suivait le même chemin : mise en confiance, puis soumission à son emprise par des menaces de mort ou de malédictions. Il les terrorisait en affirmant qu’il possédait des pouvoirs surnaturels, utilisant la peur pour les empêcher de parler.
Les témoignages recueillis au cours du procès montrent que l’emprise qu’il exerçait sur ses victimes était profonde, les rendant incapables de se défendre ou de prendre conscience de l’ampleur de la manipulation dont elles étaient victimes.
