Ce lundi 28 octobre à 13h30, Gérard Depardieu est convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris pour répondre d’accusations d’agressions sexuelles formulées par deux femmes lors du tournage du film Les Volets Verts en 2021. Ce premier procès marque un tournant pour l’acteur, alors que d’autres procédures judiciaires sont en cours pour des faits similaires.
Un tournage controversé
Les faits reprochés à Gérard Depardieu se seraient déroulés en septembre 2021, lors du tournage de Les Volets Verts sous la direction de Jean Becker. L’une des plaignantes, décoratrice de cinéma, aurait été victime d’agressions et de harcèlement sexuel. Elle raconte que, pendant le tournage, l’acteur aurait tenu des propos obscènes et aurait commis des gestes déplacés, lui bloquant notamment le passage et touchant des parties intimes de son corps. Cette plainte déposée en février 2024 a conduit à une enquête judiciaire.
La seconde plaignante, assistante réalisatrice, décrit plusieurs incidents où Depardieu l’aurait touchée de manière inappropriée à plusieurs reprises durant le tournage, avec des attouchements jugés humiliants et suivis de comportements intimidants.
Gérard Depardieu, par l’intermédiaire de son avocat Maître Jérémie Assous, conteste catégoriquement les accusations portées contre lui. Me Assous affirme que les preuves et les témoignages présentés démontreront l’innocence de l’acteur, qualifiant ces accusations de « mensongères ». Selon lui, les plaignantes chercheraient une indemnisation financière, évoquant des demandes de compensation à hauteur de 30 000 euros.
Pour sa défense, l’acteur compte sur les témoignages de membres de l’équipe du film qui, selon ses avocats, pourraient apporter des éléments clés en sa faveur.
Des témoignages troublants sur le tournage
Des témoignages relatés par Mediapart et d’autres sources décrivent un climat tendu sur le plateau de Les Volets Verts, où Gérard Depardieu aurait fréquemment tenu des propos déplacés à l’égard des femmes de l’équipe. La première plaignante décrit un comportement de « force et de domination », évoquant une scène où elle se serait retrouvée bloquée par l’acteur. Des membres de l’équipe ont également observé et rapporté des comportements similaires, ajoutant du crédit aux accusations des deux femmes.
Anouk Grinberg, actrice ayant également participé au tournage, décrit une atmosphère « suffocante et obscène », déclarant que les comportements déplacés de l’acteur étaient visibles dès les premières heures de travail. Elle rappelle que le comportement de Depardieu n’était pas une surprise pour les producteurs, qui auraient accepté le risque en le recrutant pour le rôle principal.
Ce procès, très médiatisé, est le premier dans une série d’affaires judiciaires impliquant Gérard Depardieu. Accusé dans plusieurs autres cas de violences sexuelles, notamment celui de Charlotte Arnould, pour lequel il est mis en examen depuis 2020, Depardieu fait face à une pression accrue pour répondre de ces multiples accusations. Dans un contexte où les voix des victimes se font de plus en plus entendre, ce procès constitue une étape symbolique.
Le tribunal correctionnel de Paris, spécialisé dans les affaires de violences sexuelles, a récemment jugé d’autres personnalités publiques, et cette audience met en lumière la question de l’impunité dans le milieu du cinéma.
Les attentes des plaignantes et le rôle de la justice
Les deux plaignantes attendent de cette procédure une reconnaissance des faits et une condamnation à la hauteur de l’impact subi. Me Carine Durrieu-Diebolt, avocate de la première plaignante, a déclaré à la presse que sa cliente espère que « la justice soit la même pour tous, sans traitement de faveur pour une personnalité publique ». Elle exprime aussi le souhait que ce procès puisse alerter sur le comportement récurrent de certaines figures publiques dans des milieux où le pouvoir est souvent source de dérives.
La deuxième plaignante, quant à elle, souhaite que le procès rende justice à toutes les victimes présumées de l’acteur. Elle évoque les difficultés qu’elle a rencontrées sur le tournage après avoir fait part de son malaise, y compris des tentatives d’intimidation pour la dissuader de poursuivre ses accusations.