Niels Arestrup, figure incontournable du cinéma et du théâtre français, est décédé ce dimanche 1er décembre à l’âge de 75 ans. L’annonce a été faite par son épouse, Isabelle Le Nouvel, qui a déclaré :
J’ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l’immense acteur Niels Arestrup, au terme d’un combat courageux contre la maladie. Il s’est éteint entouré de l’amour des siens.
Né à Montreuil le 8 février 1949, ce fils d’un ouvrier danois et d’une dactylo bretonne a marqué le monde artistique par son intensité, sa profondeur et ses interprétations inoubliables.
Une carrière jalonnée de récompenses
Au cours de sa carrière, Niels Arestrup a reçu trois César du meilleur second rôle, une distinction rare témoignant de son immense talent :
- 2006 : pour De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard.
- 2010 : pour Un prophète, également réalisé par Jacques Audiard.
- 2014 : pour Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier.
Acteur de théâtre passionné, il a également été récompensé par un Molière pour sa prestation dans Rouge, pièce où il incarnait le peintre Mark Rothko.
Des rôles marquants et une aura singulière
- De battre mon cœur s’est arrêté : Dans ce film de Jacques Audiard, Arestrup joue un père manipulateur et impitoyable face à Romain Duris. Ce rôle, à la fois sombre et touchant, lui a valu son premier César.
- Un prophète : Sa prestation dans Un prophète reste l’un des sommets de sa carrière. Arestrup y incarne César Luciani, un parrain corse terrifiant et autoritaire. Le film, Grand Prix au Festival de Cannes 2009, a consolidé sa place parmi les géants du cinéma français.
- Quai d’orsay : Dans cette adaptation de la bande dessinée éponyme, Niels Arestrup interprète Claude Maupas, un chef de cabinet flegmatique et stratège. Ce rôle lui a permis de montrer une facette plus légère, tout en conservant son charisme légendaire.
Formé au théâtre auprès de Tania Balachova, disciple de Stanislavski, Niels Arestrup a débuté sa carrière sur les planches avant de se tourner vers le cinéma. Sa formation exigeante et sa sensibilité l’ont conduit à explorer des rôles complexes, souvent marqués par des dilemmes moraux ou des émotions intenses.
En 1988, il fonde sa propre école, l’École du Passage, pour transmettre son savoir aux jeunes générations. Parmi ses mentors, il citait souvent Peter Brook et Michel Bouquet, qui l’ont profondément influencé dans son approche du métier d’acteur.
Un homme de contrastes
S’il était admiré pour son talent, Arestrup était également connu pour son caractère intense, parfois difficile. Des actrices comme Isabelle Adjani et Myriam Boyer ont évoqué des incidents sur scène ou sur les plateaux, témoignant de moments de tension. Pourtant, d’autres collègues soulignent sa générosité et son profond respect pour son art.
Arestrup aimait s’immerger dans ses personnages, qu’ils soient mafieux impitoyables, chefs de cabinet ou figures torturées. Il décrivait son métier comme « un jeu d’enfant, où l’on peut croire à tout sans jamais sombrer dans la routine ».
Avec plus de 55 ans de carrière, Niels Arestrup laisse derrière lui une filmographie impressionnante et un héritage théâtral riche. Acteur exigeant et passionné, il a su captiver le public par son charisme et sa capacité à incarner des personnages complexes et inoubliables.
