Le piratage des contenus sportifs, notamment via les IPTV illégales, est devenu un fléau majeur pour l’industrie du sport. Selon l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, ce phénomène engendre chaque année un manque à gagner de 290 millions d’euros, soit environ 15% du marché de la diffusion sportive. Ce problème touche directement les clubs, les fédérations, le sport amateur et les finances publiques.
Une menace grandissante pour l’économie du sport
Le piratage des événements sportifs n’est pas une nouveauté, mais son impact économique prend des proportions inquiétantes. En plus des 290 millions d’euros de pertes pour le secteur sportif, 420 millions d’euros de recettes fiscales et sociales échappent également à l’État. Ces chiffres alarmants montrent à quel point ce phénomène affecte non seulement les acteurs du sport, mais également l’ensemble de l’économie française.
Les IPTV pirates, ces boîtiers connectés permettant d’accéder à des bouquets de chaînes pour un prix bien inférieur à l’offre légale, sont au cœur de ce problème. En 2024, l’Arcom a bloqué plus de 1600 noms de domaine associés à ces services illégaux, mais cette lutte semble insuffisante face à l’ampleur du phénomène. Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l’Arcom, souligne que le succès de ces boîtiers repose sur leur simplicité d’accès et leur offre « tout compris ».
Le championnat de Ligue 1 illustre bien les conséquences du piratage. Selon une étude Ipsos, 37% des spectateurs de la Ligue 1 en 2024 ont utilisé des moyens illégaux pour suivre les matchs. Plus inquiétant encore, 55% des téléspectateurs du dernier classico OM-PSG ont eu recours à des flux pirates. Ce piratage massif nuit directement à la compétitivité des diffuseurs officiels comme DAZN, qui doit faire face à une « concurrence déloyale ».
Le coût des offres légales, un facteur aggravant ?
L’un des arguments avancés pour justifier l’essor du piratage est le coût élevé des abonnements légaux. DAZN, principal diffuseur de la Ligue 1, a été critiqué pour ses tarifs initiaux, bien que ceux-ci aient été revus à la baisse. Cependant, Benjamin Morel, directeur général de LFP Media, rejette cette justification, qualifiant le piratage de « vol ». Il rappelle que l’éclatement des droits entre plusieurs diffuseurs complexifie l’accès légal, rendant les solutions pirates plus attractives.
Malgré l’ampleur du problème, des progrès ont été réalisés. L’Arcom rapporte une diminution de 18% du nombre d’utilisateurs de sites de streaming illégal entre 2023 et 2024. Plus de 7000 noms de domaine illégaux ont été bloqués depuis 2022, réduisant progressivement l’accès aux contenus pirates. Cependant, ces efforts restent insuffisants face à l’évolution rapide des technologies et des méthodes utilisées par les pirates.
Au-delà des pertes financières, le piratage met en danger le modèle économique du sport. Les clubs et les fédérations dépendent largement des revenus des droits de diffusion pour financer leurs activités, notamment celles liées au sport amateur. La multiplication des plateformes pirates pourrait, à terme, affaiblir les bases du sport professionnel et amateur, compromettant son développement.
Le piratage sportif ne se limite pas à des pertes pour les acteurs privés. Avec 420 millions d’euros de recettes fiscales manquantes, l’État voit ses ressources pour financer d’autres secteurs réduites. Cette situation renforce la nécessité d’une coopération entre les autorités publiques, les diffuseurs et les fédérations sportives pour lutter efficacement contre ce fléau.
Une partie du problème réside dans la perception du piratage. Selon l’Arcom, une grande proportion des utilisateurs de services illégaux pensent être dans leur bon droit, ignorant les impacts économiques et juridiques de leurs actes. Sensibiliser le public aux conséquences du piratage pourrait jouer un rôle clé dans la réduction de ce phénomène.