Les prisons françaises sont confrontées à une crise persistante de surpopulation carcérale, atteignant des records inquiétants. Ce problème, malgré les mesures mises en place, soulève des questions sur la gestion des incarcérations et les alternatives possibles.
Un record de détenus en 2024
Le nombre de personnes incarcérées en France ne cesse d’augmenter. Au 1er octobre 2024, on comptait 79 631 détenus, soit une hausse de près de 700 par rapport au mois précédent. Ce chiffre marque une augmentation de 5 300 détenus en un an, soulignant une tendance alarmante.
Parmi ces personnes, 21 049 prévenus sont en détention provisoire, en attente de leur jugement définitif. Ces chiffres traduisent une surcharge chronique des établissements pénitentiaires.
Les prisons françaises disposent de 62 279 places opérationnelles, mais la densité carcérale atteint en moyenne 127,9 %. Ce taux dépasse même les 155 % dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement ou ceux condamnés à de courtes peines. Dans certains établissements, la densité dépasse les 200 %, forçant 3 810 détenus à dormir sur des matelas posés au sol.
Sur le plan européen, la France se classe parmi les pays les plus touchés par la surpopulation carcérale, se situant à la troisième position, derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude du Conseil de l’Europe.
Malgré les réformes, comme l’interdiction des peines de prison inférieures à un mois et le développement de travaux d’intérêt général, ces initiatives restent insuffisantes pour répondre à l’ampleur du problème.
Pour faire face à cette crise, des mesures alternatives à l’incarcération ont été envisagées, telles que les placements sous bracelet électronique. Au 1er octobre, 16 081 personnes bénéficiaient de ce dispositif ou d’un placement à l’extérieur. Cependant, ces alternatives peinent à s’imposer face à une politique pénale encore largement tournée vers l’enfermement.
Le plan des 15 000 nouvelles places de prison
Le gouvernement a annoncé un plan ambitieux visant à créer 15 000 nouvelles places de prison d’ici 2027. Cependant, selon les dernières estimations, seulement 6 421 places pourraient être livrées dans les délais, le reste étant reporté à 2029 ou au-delà.
Les critiques pointent le coût exorbitant de ces constructions, évalué à 5,4 milliards d’euros, et leur efficacité limitée pour résoudre durablement la crise.
Face à cette situation, 32 organisations, dont l’Observatoire international des prisons, appellent à une réforme de fond. Elles préconisent de réduire le recours à l’incarcération et de privilégier les alternatives pour les infractions mineures. Ces propositions visent à changer le regard de la société sur la prison, qui ne devrait plus être perçue comme la seule réponse pénale.
Le Conseil de l’Europe a également exprimé sa profonde préoccupation et invite la France à instaurer un mécanisme de régulation carcérale contraignant pour éviter de nouveaux records de surpopulation.