Pour présider un conseil municipal à Pau, ville dont il est maire, François Bayrou a utilisé un Dassault Falcon 7X, un jet de la flotte présidentielle. Le coût estimé de ce vol s’élève à 12 000 euros, pour une consommation de 800 kg de carburant sur une distance de 658 kilomètres.
Ce choix de déplacement a provoqué une indignation immédiate, notamment chez les élus de gauche. Le député LFI Sébastien Delogu a dénoncé le coût exorbitant pour seulement deux heures de vol, tout en soulignant le paradoxe avec le vote d’une aide exceptionnelle de 25 000 euros pour Mayotte. Une somme dérisoire comparée aux frais engagés pour ce trajet aérien.
L’indignation s’est amplifiée lorsque François Bayrou a manqué une réunion d’urgence sur la crise provoquée par le cyclone Chido à Mayotte. Convoquée par Emmanuel Macron à la même heure, cette cellule interministérielle visait à coordonner les secours face aux dégâts considérables sur l’archipel. Le Premier ministre n’a pu y assister qu’à distance, depuis la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, une absence jugée déplacée compte tenu de l’urgence de la situation.
La symbolique est jugée particulièrement mauvaise. Alors que des milliers de Mahorais se retrouvent sans abri ni assistance, les critiques fusent sur les priorités du gouvernement et sur l’utilisation des fonds publics pour des déplacements non essentiels.
François Bayrou, interrogé sur ce choix de déplacement, a tenté de se justifier au micro de BFMTV. Le Premier ministre a affirmé qu’il ne « n’abuse jamais des moyens de l’État », ajoutant que la sécurité et les contraintes horaires imposent souvent ce type de déplacement. Il a souligné qu’utiliser des vols commerciaux est parfois plus compliqué en raison des exigences de sécurité entourant un membre du gouvernement.
Cependant, cette réponse n’a pas apaisé les critiques. Clémence Guetté, vice-présidente de l’Assemblée nationale, a fustigé ce déplacement, en déclarant : « Le peuple français mérite mieux qu’un Premier ministre illégitime à mi-temps ». La polémique a été amplifiée par les réseaux sociaux, où de nombreux citoyens ont dénoncé une déconnexion entre les élus et les réalités économiques et écologiques actuelles.
Ce déplacement pose également la question de l’exemplarité écologique du gouvernement. En période de lutte contre le changement climatique, les vols courts en avion privé sont devenus un sujet sensible. En France, la loi interdit les vols intérieurs lorsqu’une alternative en train existe en moins de 2h30. Or, dans ce cas précis, un trajet Paris-Pau en train prend environ 4h20, justifiant légalement l’usage du jet. Toutefois, cette justification ne suffit pas à calmer les critiques sur l’empreinte carbone de ce déplacement.
Les chiffres sont parlants : les 800 kg de carburant consommés pour un vol de moins d’une heure soulignent l’impact environnemental disproportionné par rapport à l’urgence du déplacement.
Lors du conseil municipal de Pau, François Bayrou a fait adopter une subvention exceptionnelle de 25 000 euros pour aider les habitants de Mayotte, frappés de plein fouet par le cyclone Chido. Cette initiative a été unanimement saluée mais a également renforcé l’ironie de la situation. Comme l’ont souligné plusieurs critiques, la moitié du coût de son vol aurait permis de doubler cette aide d’urgence.
En tentant de justifier ce déplacement par la nécessité de voter cette subvention, François Bayrou a également évoqué son souhait de rester maire de Pau tout en occupant le poste de Premier ministre. Il a plaidé pour un retour des collectivités locales dans le débat national, un argument qui a toutefois été éclipsé par la controverse.