Depuis plus de deux décennies, Brigitte Lips, surnommée affectueusement « Mamie Charge », joue un rôle essentiel dans la vie des migrants de Calais. À travers un geste simple mais vital — permettre de recharger les téléphones portables — cette femme de 68 ans incarne solidarité et humanité. Avec son ouvrage Mamie Charge, une vie au service des migrants (éditions Salvator), elle partage des récits poignants et son expérience unique.
Un rituel quotidien : ouvrir les portes de l’espoir
Trois fois par jour, Brigitte ouvre son garage pour accueillir des dizaines de migrants. Dès l’aube, elle prépare des assiettes avec des biscuits et du fromage, aligne des chaises dans son petit espace et s’assure que chaque multiprise est fonctionnelle.
À 11h30 précises, les premiers arrivent. « Bonjour Mamie ! », lancent-ils avec un sourire. Un échange chaleureux s’installe avant de passer aux choses pratiques : chaque téléphone est déposé en échange d’un petit ticket, garantissant une récupération sécurisée.
L’importance de ce rituel va bien au-delà du simple geste : pour ces exilés, le téléphone est un lien vital avec leurs proches et leur avenir.
Dans le garage de Brigitte, les migrants trouvent plus qu’un lieu pour recharger leurs batteries. C’est un espace de répit où l’on peut discuter, rire et parfois, pleurer. Yosef, un jeune homme originaire d’Érythrée, résume :
Mamie, c’est notre ange. Avec elle, on se sent en sécurité.
Brigitte offre également du réconfort à travers des petites attentions comme une tasse de thé ou un carré de chocolat.
Un carré de chocolat, c’est rien, mais pour eux, c’est énorme. Certains n’en ont pas vu depuis des mois.
Depuis dix ans, Brigitte note dans un carnet les récits des migrants qui croisent son chemin. Ces histoires parlent de familles éloignées, de traumatismes vécus lors de leur périple, et des difficultés de la vie dans les camps de Calais.
Dans son livre, elle partage aussi ses propres souvenirs, notamment celui du jour où tout a commencé : « Ils sont venus demander de l’eau. Je leur ai demandé pourquoi toujours chez moi, et ils m’ont répondu : parce que toi, tu dis oui. »
Brigitte se définit comme une femme guidée par une foi profonde. « C’est le Saint-Esprit qui me pousse », confie-t-elle. Ce sens du devoir envers les autres, inculqué dès son enfance, reste la pierre angulaire de son action.
Malgré quelques critiques de voisins ou d’autorités locales, elle reste déterminée.
On a essayé de m’intimider, mais cela ne me fait rien. Je continuerai tant que je le pourrai.
Avec Mamie Charge, une vie au service des migrants, Brigitte Lips offre un témoignage poignant, entre souvenirs personnels et récits de vie. Ce livre, disponible en librairie pour 16 euros, immortalise son engagement et invite chacun à réfléchir à l’importance de la solidarité dans un monde en crise.
Chaque geste, aussi petit soit-il, peut avoir un impact immense. Brigitte Lips nous rappelle que l’humanité commence souvent par un simple « oui ».
