Ce lundi 2 décembre 2024 marque l’ouverture du procès de cinq anciens rugbymen du FC Grenoble (FCG) devant la cour d’assises de la Gironde, à Bordeaux. Denis Coulson, Rory Grice et Loïck Jammes sont accusés de viol en réunion sur une étudiante de 20 ans en mars 2017. Deux autres joueurs, Chris Farrell et Dylan Hayes, comparaissent pour non-empêchement de crime.
Ce procès, prévu jusqu’au 13 décembre, devait initialement se tenir en juin mais avait été reporté en raison d’un accident de voiture impliquant Coulson, l’un des principaux accusés.
Une soirée qui tourne au cauchemar
Les faits remontent au 11 mars 2017, après une rencontre de Top 14 perdue par le FCG contre l’Union Bordeaux-Bègles. La soirée débute dans un bar de Bordeaux, où l’étudiante, identifiée comme V., rencontre plusieurs joueurs. Elle les suit ensuite dans une boîte de nuit, où elle consomme une quantité importante d’alcool. Selon un rapport toxicologique, elle aurait eu entre 2,2 et 3 grammes d’alcool par litre de sang.
Les caméras de vidéosurveillance montrent la jeune femme peinant à tenir debout à son arrivée dans un hôtel à Mérignac, où les joueurs avaient réservé des chambres. On la voit tenter à deux reprises de retourner au taxi, mais elle est retenue par un joueur.
Au petit matin, V. se réveille nue dans une chambre d’hôtel, entourée de deux hommes nus et d’autres habillés. Elle découvre une béquille insérée dans son vagin, appartenant à Chris Farrell, blessé ce soir-là. Profondément choquée, elle quitte l’hôtel en pleurs et porte plainte.
Les trois principaux accusés ont reconnu des relations sexuelles avec la plaignante, affirmant qu’elles étaient consenties. Cependant, les images et témoignages mettent en lumière l’état d’ébriété avancé de la jeune femme, posant la question de son consentement.
Après l’incident, les cinq rugbymen ont créé un groupe WhatsApp pour coordonner leur version des faits. Selon les enquêteurs, ils ont recherché sur internet « que faire si on couche avec une fille ivre ». Une vidéo des faits aurait également circulé sur ce groupe, montrant des scènes humiliantes impliquant la jeune femme.
L’affaire soulève des questions cruciales sur le consentement et le rôle des témoins. Les avocats des accusés, comme Me Corinne Dreyfus-Schmidt, insistent sur l’attitude prétendument consentante de la victime lors de la soirée. En revanche, l’avocate de V., Me Anne Cadiot-Feidt, souligne que l’alcoolisation avancée de la jeune femme rendait impossible un consentement éclairé. Elle dénonce une situation où des hommes auraient abusé de la vulnérabilité de leur victime.
Les accusés risquent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle, et le verdict sera scruté de près pour son impact potentiel sur la sensibilisation et la prévention des agressions sexuelles.