En 2023, le collectif Les Morts de la Rue a rapporté que 735 personnes sans domicile fixe (SDF) ont perdu la vie en France, marquant un nombre record de décès. Ce chiffre, en nette augmentation par rapport aux 624 décès recensés en 2022, reflète l’ampleur de la précarité croissante et l’indifférence généralisée envers cette population vulnérable.
Des chiffres alarmants et en hausse constante
Depuis 2012, Les Morts de la Rue effectue un recensement annuel des décès des SDF. L’année 2023 a été la plus sombre à ce jour, soulignant l’aggravation des conditions de vie des sans-abri. L’association précise que malgré ces données, le nombre réel de décès pourrait être plus élevé, car une partie des cas passe inaperçue.
L’étude montre que l’âge moyen de décès des personnes sans domicile est de 49 ans, soit environ 30 ans de moins que la moyenne nationale. Cette statistique met en évidence l’impact dévastateur de l’absence de domicile sur la santé et l’espérance de vie.
Par ailleurs, 86% des personnes décédées sont des hommes. Cependant, on note une augmentation progressive de la part des femmes parmi les décès, illustrant une féminisation croissante de la précarité.
Le rapport indique que 32% des décès ont lieu dans des espaces publics, tels que les rues ou les parcs. Cette proportion élevée témoigne de la difficulté des sans-abri à accéder à des espaces sûrs et protégés. En parallèle, 30% des décès surviennent dans des lieux de soin, une augmentation par rapport aux années précédentes, qui révèle les obstacles persistants à l’accès aux soins et à un accompagnement de fin de vie adéquat.
Les décès sont dus à des causes variées. Parmi celles-ci, 22% des décès sont attribués à des causes externes, comme les accidents de transport (5%) ou les agressions (5%). De manière notable, moins de 1% des décès est lié à la consommation de substances telles que l’alcool ou les stupéfiants, déconstruisant un stéréotype fréquent associé aux personnes sans domicile.
Le collectif pointe également du doigt certaines mesures et lois qui aggravent la situation des sans-abri. Parmi celles-ci, la loi contre l’occupation illicite des logements est perçue comme une barrière supplémentaire à l’accès à un abri pour les plus démunis. De même, les arrêtés préfectoraux interdisant la distribution de nourriture dans certaines zones, comme à Paris ou Calais, sont critiqués pour leur impact négatif sur le bien-être des sans-abri.
Le cas d’une femme âgée de 90 ans, mentionné par le collectif, incarne la brutalité de la précarité. Cette dame, expulsée de son logement et décédée peu après avoir été mise à la rue, illustre comment l’absence de soutien adéquat peut conduire à des situations tragiques.
La présidente du collectif, Bérangère Grisoni, a dénoncé l’indifférence généralisée de la société et des pouvoirs publics face à la mort de centaines de personnes sans domicile. Ces décès révèlent un échec collectif en matière de prise en charge et de respect des droits fondamentaux de chacun.