Gérald Darmanin veut imposer des visas pour les dirigeants algériens

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé le 12 janvier vouloir supprimer un accord de 2013 qui permet aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de voyager en France sans visa. Cette proposition intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Paris et Alger.
darmanin visas algerien

Depuis 2013, un accord bilatéral permet aux détenteurs de passeports officiels algériens, notamment les diplomates et hauts fonctionnaires, de se rendre en France sans visa pour des séjours de courte durée. Gérald Darmanin a déclaré :

Il faut supprimer cette facilité. Toucher les dirigeants algériens qui ont la position de décision d’humiliation, c’est plus intelligent, plus efficace.

Cette mesure ciblerait principalement les élites algériennes tout en épargnant les citoyens ordinaires, y compris ceux ayant des liens familiaux ou culturels en France, comme les Pieds-Noirs.

Les relations entre la France et l’Algérie, souvent tumultueuses, se sont récemment envenimées. Un exemple frappant est l’affaire de l’influenceur algérien de 59 ans, Doualemn, arrêté à Montpellier et expulsé vers l’Algérie avant d’être renvoyé en France le jour même. Cet incident a suscité des critiques de la part d’Alger, qualifiant l’expulsion de « arbitraire et abusive ».

Gérald Darmanin a réagi en appelant à « un respect mutuel » entre les deux pays, déclarant :

L’Algérie doit respecter la France, comme la France respecte l’Algérie.

En parallèle, certains responsables politiques, dont Gabriel Attal, ont proposé de revoir ou de dénoncer l’accord de 1968. Cet accord offre un statut particulier aux Algériens en matière de séjour, d’emploi et de circulation en France. Bien qu’il ait été révisé à plusieurs reprises, Gérald Darmanin le considère « obsolète » et suggère une réforme pour l’adapter aux réalités actuelles.

Cependant, selon le ministre, la suppression de l’accord de 2013 concernant les visas diplomatiques aurait un impact plus ciblé et immédiat que la dénonciation de l’accord de 1968.

Un autre point de tension concerne l’arrestation en Algérie de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de 75 ans, actuellement malade. Gérald Darmanin a demandé sa libération rapide, affirmant que « l’Algérie s’honorerait en libérant cet écrivain. »

Ce cas illustre les désaccords persistants entre les deux nations sur des questions liées aux droits humains et à la liberté d’expression.

Si la France décide de réimposer des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques algériens, plusieurs conséquences pourraient émerger :

  • Réduction de la mobilité des élites algériennes : Cette mesure limiterait les déplacements des hauts responsables, ce qui pourrait être perçu comme un signal fort de mécontentement de la part de Paris.
  • Réactions d’Alger : L’Algérie pourrait adopter des mesures de rétorsion, notamment en imposant des restrictions similaires aux officiels français.
  • Impact limité sur les relations économiques et culturelles : Gérald Darmanin a précisé que cette mesure n’affecterait pas les citoyens ayant des liens économiques, sociaux ou culturels entre les deux pays.

Cette proposition reflète une volonté de la France de durcir sa position face à l’Algérie tout en adoptant une approche mesurée. En ciblant uniquement la nomenklatura, Paris évite de pénaliser l’ensemble de la population algérienne ou les Français d’origine algérienne.

Cette initiative marque une étape supplémentaire dans un bras de fer diplomatique complexe, où chaque partie cherche à affirmer sa souveraineté tout en préservant les liens historiques et culturels qui unissent les deux nations.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar