Une victoire surprenante pour un poisson hors norme
Il est souvent moqué, décrit comme l’animal le plus laid du monde, mais il vient de remporter un titre inattendu. Le blobfish a été élu poisson de l’année 2025 en Nouvelle-Zélande, devancé de justesse l’hoplostète orange. Ce concours, organisé par le Mountains to Sea Conservation Trust, vise à faire connaître les espèces marines méconnues du grand public. Et pour cette édition, près de 5 600 votes ont été enregistrés, dont 1 286 pour le blobfish.
Depuis plus de dix ans, le blobfish est devenu une mascotte mondiale de la « laideur animale ». Il a même été adopté par la Ugly Animal Preservation Society, qui défend les espèces peu esthétiques mais cruciales pour l’équilibre de la biodiversité. Sa tête déformée, sa peau flasque et sa bouche tombante l’ont rendu célèbre sur les réseaux sociaux, notamment grâce à un cliché pris lors d’une expédition scientifique dans les années 2010.
Pourquoi le blobfish a cette tête ?
Dans son environnement naturel, entre 600 et 1 200 mètres de profondeur, le blobfish ne ressemble pas du tout à ce qu’on voit en photo. La pression extrêmement forte de ces abysses maintient sa forme compacte. Mais une fois remonté à la surface, le changement brutal de pression transforme son corps gélatineux en cette silhouette déformée.
Contrairement à la plupart des poissons, le blobfish n’a ni squelette rigide, ni véritable muscle, ni écailles. Son corps est composé d’un tissu spongieux, moins dense que l’eau, ce qui lui permet de flotter sans effort au-dessus du fond marin en attendant que sa proie passe à portée de bouche.
Le soutien au blobfish a été boosté par deux animateurs de la radio locale More FM, Sarah Gandy et Paul Flynn, qui ont appelé leurs auditeurs à voter pour cette créature méconnue. Leur campagne a porté ses fruits. Pour eux, « le blobfish a assez attendu dans l’ombre, il méritait son moment de gloire ».
Une espèce menacée par la pêche profonde
Le blobfish n’est pas seulement un visage amusant. Il est symbolique des espèces vulnérables vivant en grande profondeur. Ces poissons sont souvent capturés accidentellement lors du chalutage de fond, une technique de pêche très destructive. Les scientifiques alertent sur le manque de données concernant leur population et sur la fragilité de leurs habitats.
En gagnant ce titre, le blobfish devient une sorte d’ambassadeur des profondeurs oubliées. Son succès peut sensibiliser à la protection des écosystèmes marins extrêmes et encourager la recherche sur ces zones encore très peu explorées.
Parmi les autres poissons en compétition figuraient :
- L’hoplostète orange, poisson profond soutenu par Greenpeace
- L’anguille à longues nageoires, troisième au classement
- Le requin-baleine et le grand requin blanc, plus connus mais moins populaires cette année
Neuf des dix espèces nommées étaient considérées comme menacées ou vulnérables.
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