Selon Eric Piolle, la lutte contre le trafic de stupéfiants, telle qu’elle est menée aujourd’hui, est inefficace. Il souligne que l’augmentation du nombre de personnes incarcérées n’a pas fait diminuer le trafic, bien au contraire :
Le niveau de trafic reste toujours aussi élevé.
Le maire de Grenoble appelle le président Emmanuel Macron à organiser un référendum national sur la légalisation du cannabis. Selon lui, cette démarche permettrait de « poser le sujet avec hauteur » et d’en finir avec les débats stériles autour de la question.
Eric Piolle défend l’idée qu’une légalisation encadrée par l’État permettrait de fragiliser considérablement le narcotrafic, en soulignant que le cannabis représente 50% du chiffre d’affaires des trafiquants. « Aucune entreprise, même mafieuse, ne peut survivre à une coupe de 50% de ses revenus », explique-t-il.
Pour Eric Piolle, les politiques répressives actuelles sont un échec stratégique. Il critique notamment les opérations dites « Place nette », menées dans les cités pour démanteler les points de deal, qu’il qualifie de « coups de menton » sans vision à long terme. Il estime que ces actions ne font que « vider la mer à la petite cuillère » et propose plutôt d’investir dans la prévention, l’éducation et l’accompagnement social.
Eric Piolle affirme que la légalisation du cannabis pourrait non seulement réduire le trafic, mais également limiter la consommation chez les jeunes. En encadrant la production et la distribution, l’État pourrait assurer une meilleure prévention des risques liés à la consommation et garantir des produits de qualité contrôlée.
Le maire de Grenoble fait référence à des exemples internationaux, comme le Canada ou plusieurs États américains, où la légalisation du cannabis a permis de réduire significativement le marché noir et d’augmenter les recettes fiscales. Pour Eric Piolle, la France pourrait s’inspirer de ces modèles tout en adaptant les politiques à son propre contexte.
Eric Piolle est régulièrement accusé de laxisme par ses adversaires politiques, notamment par la droite, qui critique son refus d’augmenter le nombre de caméras de surveillance ou d’armer la police municipale. Selon ses détracteurs, ces positions fragiliseraient la lutte contre le trafic de drogue à Grenoble.
En réponse, le maire souligne que Grenoble dispose de 120 caméras, soit 6 par kilomètre carré, mais il remet en question leur efficacité :
Nous avons eu des crimes commis sous l’œil des caméras, ce qui montre leurs limites.
Eric Piolle s’oppose fermement à l’armement de la police municipale avec des armes à feu, qu’il considère comme une mesure dangereuse et inutile. Il préfère équiper ses agents de bâtons télescopiques, gaz lacrymogènes et tasers, estimant que cela suffit pour assurer leur sécurité et leur mission.
Le cannabis reste la drogue la plus consommée en France, avec plus de 5 millions d’usagers annuels, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). En parallèle, la demande en cocaïne continue de croître, avec 1,1 million de consommateurs en 2023.
Malgré les efforts pour lutter contre le trafic, le tabou autour de la consommation de drogues persiste, et les politiques répressives actuelles n’ont pas réussi à freiner les addictions. Le cannabis reste largement accessible, même pour les mineurs, ce qui renforce la nécessité d’un débat public sur la légalisation.
Lire aussi : plus de 1,1 million de personnes ont consommé au moins une fois de la cocaïne en 2023 en France
